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Tunisie : les négociations avec le FMI s'ouvrent en plein bourbier institutionnel – Les Échos

Les négociations entre Tunis et le Fonds monétaire international se sont officiellement ouvertes en vue d'un programme d'aides. En parallèle, le processus de réforme constitutionnelle s'enlise, le juriste chargé de la rédaction du texte ayant désavoué la version amendée par le président.
Par Sophie Amsili
Les négociations ont enfin officiellement commencé. Une équipe du Fonds monétaire international (FMI) a entamé lundi une mission de deux semaines en Tunisie destinée à négocier un programme d'aide au pays plongé dans une crise à la fois économique et politique.
Après avoir été suspendues pendant trois mois l'an dernier, lorsque le président Kaïs Saïed s'était arrogé les pleins pouvoirs , les discussions entre l'institution multilatérale et l'exécutif tunisien avaient repris en fin d'année. Le FMI avait alors souligné la nécessité de « réformes très profondes, structurelles » pour, notamment, diminuer l'énorme masse salariale du secteur public, qui représente 16 % du PIB, réformer les entreprises publiques et diminuer les subventions aux produits de première nécessité. Le gouvernement tunisien a publié il y a un mois un programme de réformes en ce sens, qui s'est aussitôt heurté à l'opposition du puissant syndicat ouvrier, l'UGTT.
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Recevant il y a quelques semaines un responsable du FMI, le président Saïed avait reconnu la « nécessité d'introduire des réformes majeures », tout en réclamant que celles-ci « tiennent compte des dimensions sociales », alors que le pays se débat avec un taux de chômage de 16 %, qui grimpe à 42 % chez les jeunes, et une inflation annuelle à plus de 8 %. « Le gouvernement est pris dans une contradiction radicale entre le discours du président qui donne l'illusion de défendre les couches les plus pauvres et un programme libéral avec le FMI qu'il n'ose pas défendre », analyse le chroniqueur tunisien Zyed Krichen.
La plupart des observateurs du pays se montrent cependant confiants sur les chances d'un accord : les besoins financiers sont faibles, le pays est situé dans un carrefour migratoire et c'est la seule démocratie issue du printemps arabe. La Tunisie a en tout cas besoin de cet accord avant la fin de l'année. Le pays, dont la dette extérieure a atteint 100 % de son PIB en 2021, a élaboré un budget 2022 s'appuyant sur un endettement de près de 6 milliards d'euros, dont près de 4 milliards sous forme de crédits extérieurs. La guerre en Ukraine est, depuis, passée par là, aggravant les difficultés du pays, importateur net de pétrole et de blé .
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Le budget est ainsi établi sur la base d'un baril à 75 dollars, alors que celui-ci tourne autour de 110 dollars aujourd'hui. Du côté du blé, si le pays devrait éviter pour le moment une pénurie – des contrats ont été sécurisés jusqu'à cet automne et probablement jusqu'en début d'année prochaine, selon une source syndicale -, il doit débourser davantage pour s'approvisionner.
Pour Hakim Ben Hammouda, économiste et ancien ministre des Finances tunisien, Tunis doit relever deux défis : « Conclure un accord avec le FMI qui ouvrira ensuite l'accès à des financements bilatéraux et aux marchés financiers, et assainir la situation politique pour que l'économie reparte. » La crise entraînée par le coup de force de Kaïs Saïed, qui s'est ajoutée à une campagne de vaccination anti-Covid tardive, n'a fait que retarder la reprise post-pandémique, souligne-t-il.
La crise institutionnelle cependant semble loin de se résoudre. Le doyen Sadok Belaïd chargé de présider la rédaction d'une proposition de Constitution a désavoué dimanche la version finale présentée par le président. Le texte publié « n'appartient en rien à celui que nous avons élaboré et présenté au président », écrit-il dans le quotidien « Assabah ». Le projet du président « minore le pouvoir législatif, accroît d'une façon démagogique les pouvoirs du président de la République et soumet le système judiciaire à sa volonté », alerte le juriste, qui souligne le risque d'un « régime dictatorial ».
Des craintes infondées, a rétorqué mardi Kaïs Saïed. Le président a appelé les Tunisiens à approuver la nouvelle Constitution lors d'un référendum organisé le 25 juillet prochain, date anniversaire de son coup de force. Ses promesses sont ambitieuses : « Dites 'oui' pour éviter la déchéance de l'Etat, pour que les objectifs de la révolution se réalisent et qu'on en finisse avec la misère, le terrorisme, la faim, l'injustice et la souffrance. »
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Sophie Amsili
Tous droits réservés – Les Echos 2022

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