Publié le 14 décembre 2022
“La situation est pire que celle liée à la Covid-19 avec des stations à l’arrêt durant 6 mois”. Plutôt amer, Yves Brouchet, directeur général du groupe Eléphant Bleu (par ailleurs administrateur de la Fédération Française de la Franchise, et membre élu de la commission nationale du lavage de Mobilians), résume en une courte phrase la situation actuelle à l’occasion de la conférence de presse organisée à Paris par son enseigne le 23 novembre 2022. Et pour cause. Au 22 novembre, 43 % du réseau Eléphant Bleu était toujours concerné par des arrêtés sécheresses défavorables, certains courant même jusqu’au 15 décembre. Il faut dire qu’au 15 novembre, selon Propluvia, 55 départements étaient toujours concernés par une restriction au-delà du seuil de vigilance, dont 27 en crise, le seuil le plus élevé.
Aujourd’hui, l’heure est au bilan et aux perspectives. Sur les 11 000 centres de lavage implantés en France, 93 % ont été concernés par des fermetures totales ou partielles, au pic de la crise qui s’est étendue sur 93 départements. En moyenne, les fermetures ont duré 60 jours, voire 120 jours pour certains. Pour ce qui concerne le réseau Eléphant Bleu, le bilan des mesures gouvernementales s’élève à 6 118 jours de fermeture au cumul.
Seulement 5 % des exploitants ont été indemnisés de leur perte d’activité et ils seront les derniers puisque actuellement, les compagnies d’assurance dénoncent les clauses liées aux risques climatiques. En outre, moins de 50 % des demandes de chômage partielles ont été acceptées. Selon le sondage de Mobilians réalisé auprès de 827 adhérents, l’addition se solde avec une perte moyenne de chiffre d’affaires de 19 122 euros par centre.
Bien sûr, l’addition peut se révéler plus salée. Le cas de Victor Bouvet notamment, franchisé Eléphant Bleu à Lons-le-Saunier (39). Pour lui, les 78 jours de fermeture de son centre se traduisent par une perte de chiffre d’affaires de 78 000 euros, pas moins. “Un constat synonyme de 15 600 euros de TVA non collectée par l’Etat et aussi une perte de 35 000 euros de trésorerie, soit environ 3 ans de travail”, indique-t-il. Et d’ajouter : “la crise a révélé que le lavage automobile est un secteur inconnu des pouvoirs publics, vu comme une activité annexe de la grande distribution ou des pétroliers. Ils ne savent pas qu’elle est gérée principalement par des entrepreneurs indépendants, des franchisés, des TPE”.
Un statut professionnel sur lequel revient également son confrère Richard Magnaud, franchisé Eléphant Bleu à Amiens (80) et membre du comité d’enseigne. “Tout comme moi, bon nombre d’entrepreneurs indépendants ont investi entre 300 et 400 000 euros dans leur station, fait-il remarquer. Ces arrêtés préfectoraux mettent certains d’entre nous à la frontière du dépôt de bilan dans la mesure où ils viennent s’ajouter à deux années de Covid et à l’augmentation exponentielle des coûts des énergies. En fait, notre profession risque de disparaître, et ce d’autant plus qu’elle est la seule activité économique à ne recevoir aucune aide de la part de l’Etat”.
Pour Jean-Christophe Rogez, responsable du réseau Franchise Eléphant Bleu, les mesures de fermetures ont engendré une catastrophe écologique nationale durable en entretenant les mauvaises pratiques. “La quantité de polluants non collectés par un centre fermé pendant un mois s’élève à 480 kg, justifie-t-il. Parallèlement, les stations qui ont pu rester ouvertes durant la période de sécheresse et depuis la levée des arrêtés perdent en moyenne un quart de leur chiffre d’affaires. La raison émane du message d’encouragement à ne pas laver chez un professionnel et donc quelque part à encourager le lavage à domicile”.
Effectivement, tandis que 2 640 tonnes de boues polluées (360 gr par lavage) contenant 20 % d’hydrocarbures et 0,2 % de métaux lourds n’ont pas été collectées dans le réseau Eléphant Bleu, soit l’équivalent de 7,7 millions de véhicules traités, de son côté, le lavage à domicile, en baisse constante depuis de nombreuses années mais toujours équivalent à 38 % des pratiques, aurait augmenté de 12 % durant l’été 2022. De quoi engendrer 35 000 tonnes de boues non traitées.
Il faut dire que l’ambiguïté du Guide sécheresse, qui laisse entendre que le lavage à domicile est autorisé hors période de restrictions alors qu’il est implicitement interdit dans les codes de la santé publique (art. L1331-10) et de l’environnement (art. L210-1 et L216-6), alimentent les malentendus. Et c’est là qu’entre en ligne de compte la consommation d’eau. Tandis qu’un lavage en station consomme en moyenne 130 litres d’eau avec 95 % du volume restitué dans le réseau, un lavage à domicile en consomme trois fois plus, soit 340 litres. Ramenée aux 134 millions de lavage effectués par les 11 000 centres de lavage implantés sur le territoire, celle-ci s’élève à 17 millions de m3, soit 0,2 % de la consommation totale d’eau potable (920 000 m3, soit 0,01 % de la consommation totale pour les 460 centres Eléphant Bleu qui effectuent 7,7 millions de lavages), contre 31 000 000 m3 pour le lavage à domicile (0,4 % de la consommation totale d’eau potable).
Extrait de la vidéo de Mobilians, ce schéma démontre la nécessité de laver régulièrement son véhicule… chez les professionnels.
Maintenant, quelles attentes et autres revendications ? La première revendication de la filière lavage est la reconnaissance du métier et de sa fonction de dépollution. “Même si la mobilité est en pleine transformation, la voiture reste le principal moyen de locomotion et le parc en compte plus de 38 millions, rappelle Yves Brouchet. Elle est utilisée par 73 % des français rien que pour aller travailler“. La deuxième revendication est l’indemnisation de la perte d’activité liée à des fermetures administratives suite à une catastrophe naturelle. Quelle entreprise peut résister à l’absence de revenus pendant 2 à 4 mois ?
Troisième point, la reconsidération de la gestion de l’eau, à titre préventif et en situation de crise. “Dans cette optique, la révision du guide sécheresse s’impose afin de clarifier l’information, prendre en compte l’impact du lavage automobile et la consommation réelle des centres professionnels“, reprend Yves Brouchet. Ainsi, outre les contacts avec les représentants des pouvoirs publics (ministre de la Transition écologique, ministre de l’Economie, DDT, etc.), les actions mises en œuvre par Eléphant Bleu passent notamment par un accompagnement des franchisés dans leurs démarches locales et la défense de leur activité, sachant qu’une cellule sécheresse a été créée pour informer et conseiller le réseau et qu’une lettre ouverte a été envoyée à différents médias de la presse grand public.
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