Du 14 décembre 2022 au 21 mai 2023, avec l’exposition « Au bord de l’eau – Vincent Bioulès », le Musée Regards de Provence souhaite rendre « hommage à l’une des figures majeures de l’art d’aujourd’hui » et révéler « le travail de l’artiste qui saisit l’atmosphère et la saveur des paysages méditerranéens ».
Une quarantaine de toiles, souvent de grand format, illustreront les sensations et les émotions de Vincent Bioulès face à des paysages qui sont fréquemment des lieux familiers, mais aussi les tourments du peintre face à ces motifs.
L’accrochage devrait faire une large place aux séries réalisées à Marseille et notamment aux toiles peintes dans les années 1990. Invité par le galeriste Jean-Pierre Alis, Bioulès a fait plusieurs séjours dans un atelier de la Villa Bianco aux Catalans. Le communiqué de presse rapporte ce souvenir de l’artiste à propos de cette période :
« Lorsque, grâce à la complicité du galeriste Jean-Pierre Alis, je puis disposer dans les années 90 à Marseille d’un atelier situé dans la Villa Bianco aux Catalans, je sus que, confronté à la mer, au ciel, au vent, à la lumière et aux rochers, il ne serait pas question pour moi de peindre des “marines” mais de tenter d’exprimer ce qui définit si fortement la côte de Marseille, la confrontation à la fois austère et grandiose des éléments primordiaux qui la constituent et dont tout pittoresque est absent.
C’est la rencontre de trois éléments : la lumière, la mer et la roche sous forme d’un indéfectible noyau, qui allait constituer le sujet de mon travail. Mon expérience de la peinture abstraite et mon goût de l’espace et de la nature cessèrent soudain d’être une contradiction m’obligeant à faire un choix. Ces deux aspects de ma nature se synthétisaient sous mes yeux et c’est ce que j’ai tenté de traduire sur mes toiles.
La force brute des éléments naturels unissait d’une manière éclatante la disparité apparente d’une ville, où les hasards de l’Histoire ont juxtaposé des témoignages apparemment inconciliables en en faisant un lieu d’une singularité absolue. La seule chose que les hommes ne sont pas parvenus à abimer est bien la lumière, l’incomparable lumière tenant dans ses bras la totalité d’une ville et sa compagne, la mer.
Les conséquences de ce travail accompli à la Villa Bianco, ne cessèrent de me vivifier et de conduire mon regard sur d’autres lieux et d’autres paysages, fort désormais d’une leçon acquise sur le “motif” et qui est devenue tout naturellement le thème de ma peinture. Je conserve de ce souvenir et de ce travail une sorte d’éblouissement qui a fécondé la poursuite de ma peinture et demeure tout aussi présent ».
Plusieurs de ces grands formats avaient été présentés en 1995 à la Galerie Athanor.
Fin 2018, Béatrice Le Tirilly et Barbara Satre avaient convié Vincent Bioulès à revisiter les paysages peints il y a 25 ans et à les exposer à la galerie Béa-ba. « Marseille à nouveau… » confrontait alors les mêmes vues du Fort Saint-Jean et de la Tourette.
Vincent Bioulès – Fort Saint-Jean, 1994 et Fort Saint-Jean, 2018. Huile sur toile 130 x 162 cm. Courtesy Galerie Béa-Ba, Marseille
L’ensemble était complété par deux grands formats représentant la digue du large par mistral et par une série d’aquarelles. Ces notes prises sur le motif formaient une sorte de journal de ce « retour à Marseille »… On devrait logiquement retrouver une partie de ces œuvres sur les cimaises du Musée Regards de Provence.
Vincent Bioulès – La Tourette II, Février 1994 – Janvier 1995. Huile sur toile 137 x 169,8 cm avec cadre. Collection Musée Fabre, Montpellier, inv. 2019.9.1 – © cliché Frédéric Jaulmes et La Tourette, 2018. Huile sur toile 130 x 162 cm. Courtesy Galerie Béa-Ba, Marseille
Aux côtés de ces tableaux « marseillais », « Au bord de l’eau – Vincent Bioulès » accordera une place importante aux paysages du littoral languedocien (de Carnon à Palavas et du Grau du Prévost à l’Étang de l’Or) où Bioulès travaille depuis toujours sur le motif.
Certaines des œuvres exposées à Montpellier dans la section « Le paysage, cette joie fondatrice » pour l’inoubliable rétrospective « Vincent Bioulès – Chemins de traverse » au Musée Fabre en 2019 seront très certainement au rendez-vous.
On attend avec intérêt de (re)découvrir les toiles de la série Les douze mois de l’année, peintes en 2019-2020 sur l’inépuisable motif de l’Étang de l’Or qui avaient été présentées par la Galerie La Forest Divonne au printemps 2020…
Le commissariat est assuré par Vincent Bioulès, Pierre Dumon, président de l’Association Regards de Provence et Adeline Dumon, directrice du Musée.
Catalogue publié par Regards de Provence avec un texte de Romain Mathieu.
« Au bord de l’eau – Vincent Bioulès » rassemble des œuvres de la collection de la Fondation Regards de Provence, du Centre national des arts plastiques (Cnap), du Musée des Beaux-arts de Rennes, du Musée Fabre de Montpellier, du Musée d’Art de Toulon, du Musée Estrine, de la Fondation Vacances Bleues, de la Galerie Béa-Ba à Marseille, de la Collection Yves Michaud – dépôt au Musée d’Art Moderne de Cérét, de la Galerie La Forest Divonne à Paris, de la Collection Paul Dini à Lyon, de la Collection Hélène Trintignan, de la Collection Brigitte Eiglier, de la Collection Les Peintures JEFCO et de collectionneurs privés.
Chronique à suivre après un passage au Musée Regards de Provence.
À lire, ci-dessous, la présentation de l’exposition extraite du dossier de presse.
En savoir plus :
Sur le site du Musée Regards de Provence
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L’exposition « Au bord de l’eau par Vincent Bioulès » rend hommage à l’une des figures majeures de l’art d’aujourd’hui, et révèle le travail de l’artiste qui saisit l’atmosphère et la saveur des paysages méditerranéens. Dans ses visions de la côte marseillaise, du littoral de l’Occitanie (Carnon, Palavas, Grau du Prévost, l’Etang de l’Or), ou du golfe de Saint Tropez (La Ponche), Bioulès met en valeur l’architecture qui les encadre et les ambiances qui s’en dégagent, mêlant une palette audacieuse qu’il agence en virtuose de la couleur et de la lumière dans des formats généreux.
Tous ces paysages, sont des lieux familiers et liés à l’enfance qui revêtent des souvenirs parfois mélancoliques, des attaches familiales, des sensations et émotions particulières pour l’artiste. Bioulès affirme « notre mer tant aimée, c’est celle même de Palavas et de Carnon, battante, inlassable ».
Il explore la symbiose des éléments – eau, air, terre, feu – qui génère chez l’artiste des émotions artistiques, où il partage pleinement la sensualité et la jouissance du naturel. Son travail est régi par sa quête constante du plaisir et de l’émoi ressentis sur le motif.
Le paysage prend une place déterminante dans le travail de l’artiste, où il se forge son propre langage pictural à travers l’histoire de l’art marqué par les fauves, Matisse, Derain, Bonnard, Dufy.
Vincent Bioulès est à la charnière entre la modernité et l’époque contemporaine, pour qui la peinture est indissociable d’un certain art de vivre.
Dans ses vues de Marseille, Bioulès s’affranchit des arcanes d’une certaine tradition picturale bien ancrée, celle de la marine marseillaise incarnée par Courdouan, Olive ou Garibaldi, et invente un autre regard, où son seul but est de « faire ressemblant » comme il le dit lui-même et de construire l’espace par la couleur et la lumière. Il y a dans sa démarche, quelque chose d’expérimental et de nostalgique, et tout le défi réside dans le respect de la particularité d’un lieu et de ses formes, de la réalité d’une confusion visuelle qui reproduit le désordre de la vie. Pour Yves Michaud, le peintre « se trouve acculé à une narration primitive. Il lui faut nommer ce qu’il y a à égrener des détails, bref abandonner les ressources de l’impressionnisme. Il n’y a pas d’autre raison au surprenant mélange de raffinement pictural et de naïveté primitive dans ses paysages ».
Dans les années 1990, il effectue plusieurs séjours à Marseille dans un atelier de la Villa Bianco. Va naître ici une série de toiles monumentales sur le quartier des Catalans, l’entrée du Vieux Port et l’île de Maïre. Bioulès a fait de ses compositions marseillaises d’une volupté colorée, un ambitieux mélange entre les éléments, les constructions, les couleurs, le pittoresque, le banal, les parfums, les odeurs, les rumeurs d’une ville grouillante, désordre et éclatée.
Il réinvente le mythe du paysage méditerranéen (après Cézanne et Hodler) avec l’imposante l’Ile Maïre, peinte depuis la route des Goudes. Un des bouts du monde de la cité phocéenne où Bioulès va offrir à ce lieu-dit une monumentalité toute nouvelle, une vision romantique, sublime et quasi mythique. Sentiment de solitude, blancheur accablante, intensité du bleu, recherche toute cézanienne d’une sorte d’intemporalité essentielle du motif… telles sont les caractéristiques les plus marquantes de cette toile. Ces éléments se trouvent renforcés par la présence incongrue de la voiture, moderne vanité, symbole contemporain d’une civilisation faillible devant les forces telluriques. Les frêles silhouettes d’un couple contemplatif face à un paysage, qui les dépasse, ajoutent à cette sensation de vacuité.
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