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Qui connaît les noms de Gustav Stenbolt, Fernando Casacuberta ou Bernard Broermann? Ce sont pourtant les propriétaires d’importants palaces romands qui ont changé de mains ces dernières années. Un seul d’entre eux est connu, c’est Michel Reybier qui a considérablement accru son patrimoine à Zermatt en s’emparant de trois fleurons de la station haut-valaisanne: le Mont-Cervin, le Monte Rosa et un quatre-étoiles, le Schweizerhof.
Rares sont les chaînes internationales à acquérir les murs de nos palaces. Elles se contentent d’en assurer la gestion et de laisser les risques à des hommes d’affaires avisés. Ainsi, à Gstaad, la chaîne Four Seasons, une des plus fameuses avec son siège mondial à Toronto et son président suisse, le Vaudois Christian Clerc, va gérer le Grand Hotel Park pour les Bertarelli. Ex-propriété de l’industriel vaudois Jean Nussbaumer, il a été acquis par Dona Bertarelli en 2003 et rebaptisé Park Gstaad après sa rénovation en 2016.
Un projet d’agrandissement et de rénovation est en cours avec la chaîne internationale déjà présente au quai des Bergues (GE). À Zermatt, c’est un Ritz Carlton qui doit s’implanter avec un promoteur du coin, Mario Julen. Les travaux ont déjà commencé.
Dépositaire d’un patrimoine hôtelier dont l’histoire s’étend sur trois siècles à Genève, la famille Mayer a transmis le témoin, juste après le confinement, à la famille Casacuberta, une famille espagnole de Barcelone. Inauguré en 1865 par le couple suisse d’origine allemande Jean-Jacques et Albertine Mayer, le Beau-Rivage genevois était devenu une icône de l’hôtellerie européenne.
Une légende façonnée par des familles royales, comme l’impératrice Sissi, assassinée devant son hôtel en 1898. Dirigé par deux générations d’entrepreneurs, le groupe Casacuberta développe des projets immobiliers et hôteliers haut de gamme dans des villes en Espagne et depuis 10 ans à Genève. La famille Casacuberta a ainsi collaboré avec l’architecte Charles Pictet pour la réalisation d’un complexe de bâtiments au cœur de Genève, à la rue du Marché.
À Neuchâtel, un «autre» Beau-Rivage a aussi changé de main en 2021. Le Zurichois Thomas Maechler, beau-fils du bijoutier genevois Yves G. Piaget qui a dirigé l’établissement pendant 16 ans et en est devenu le propriétaire en 2010, a revendu le cinq-étoiles à une société d’ingénierie et d’investissement de Singapour. Le nouveau propriétaire s’est engagé à maintenir l’hôtel en tant que 5 étoiles et augmenter son attrait par des investissements conséquents.
Sur la Riviera vaudoise, le groupe allemand Broermann a acheté coup sur coup deux des plus importants établissements de la région. Après le suisse Majestic, la holding sise à Francfort a acquis en 2018 son voisin direct, le Fairmont Montreux Palace. Le cinq-étoiles construit en 1906 appartenait à un fonds immobilier de Credit Suisse.
Fondé en 1984 par le milliardaire allemand Bernard Broermann (78 ans) – Forbes lui attribue une fortune de 3 milliards – le groupe détient le géant des cliniques privées Asklepios, un des trois plus grands opérateurs d’hôpitaux privés en Allemagne avec 35’000 employés et 160 cliniques et hôpitaux. Sa filiale hôtelière gère un important portefeuille. La société est propriétaire à Francfort du Falkenstein Grand Kempinski et de la Villa Rothschild Kempinski, ainsi que de l’Hôtel Atlantic Kempinski à Hambourg. Fairmont, propriété du groupe français Accor, avait repris la gestion du Montreux Palace en 2017 et la conserve.
«Rares sont les chaînes internationales à acquérir les murs de nos palaces. Elles se contentent d’en assurer la gestion et de laisser les risques à des hommes d’affaires avisés.»
Le palace a appartenu au cours de son histoire à Nestlé et à Swissair. Il est passé dans les mains du prince saoudien Al Waleed, qui avait acquis la chaîne Swissôtel en 2006, après le «grounding» de la compagnie aérienne. La société de fonds d’investissement Colony Capital à Los Angeles a également possédé le Montreux Palace.
Ancien auditeur d’Ernst & Young après ses études à Harvard et à l’INSEAD, le Dr Broermann a fondé une chaîne de cliniques aux États-Unis avec l’aide de la Bank of America, avant de rentrer en Allemagne pour y fonder son groupe. Son objectif a été de créer un meilleur système de santé basé sur la prévention, raconte ce fils de paysan dans sa biographie à paraître sous le titre Passion pour la santé.
Tout aussi discret sous nos contrées, le Norvégien Gustav Stenbolt et un groupe d’investisseurs résidant dans l’arc lémanique agissant à travers MCG Holding à Baar (ZG) ont acquis, en 2021, 99,9% de l’Hôtel des Trois-Couronnes, à Vevey. Gustav Stenbolt est un ancien de Jelmoli. À ce titre, il avait joué un rôle important en matière d’investissements hôteliers à Zermatt au Mont-Cervin.
Le nouveau propriétaire s’est fixé la tâche de préserver le patrimoine historique tout en lui insufflant une nouvelle vie, via une rénovation qui s’avère délicate pour le 2e hôtel le plus ancien de Suisse (1842) derrière Les Trois-Rois à Bâle.
Ce projet comprendra d’importants travaux préparatoires, notamment des études approfondies du bâtiment en accord avec la commune, le canton et des experts en restauration. L’investissement n’est pas connu, mais il s’avère important. Parmi les nombreuses célébrités ayant séjourné dans l’hôtel, trois têtes couronnées qui justifient son nom: la grande-duchesse Olga de Russie, le maharajah d’Indore et le roi Guillaume III des Pays-Bas, neveu du dernier tsar Nicolas II.
Bien avant la pandémie et ses conséquences qui ont paralysé l’économie mondiale, les fonds arabes et chinois se sont attaqués au marché hôtelier suisse. Les Qataris ont investi un milliard de francs dans l’acquisition et la rénovation de trois palaces, le Bürgenstock sur les hauts du lac des Quatre-Cantons, le Royal Savoy à Lausanne et le Schweizerhof à Berne. Propriétaire d’une autre quarantaine de palaces, le fonds souverain du Qatar accumule par ailleurs des parts dans 170 hôtels dans le monde.
Les Saoudiens sont aussi présents à Genève avec l’InterContinental de la famille Al-Sulaiman, tandis que sur les hauts de Montana-Crans le propriétaire belge de LeCrans Hotel & Spa a vendu en 2020 son établissement à Abdulla Al Gurg, représentant du groupe Easa Saleh Al Gurg, une famille influente des Emirats arabes, active dans la construction et l’immobilier. L’objectif est d’agrandir l’établissement.
Mais ce sont les Chinois qui se sont montrés les plus actifs avant la pandémie. How Kwok Lung est depuis 2016 le propriétaire du Mirador au Mont-Pèlerin. Perché sur les hauts de Vevey, il est situé à côté d’un centre de moines tibétains. Un voisinage singulier! Résidant à Hongkong, ce financier de la province du Fujian a racheté les montres suisses Corum et Eterna, à Granges (SO). L’homme d’affaires a flashé sur le Mont-Pèlerin lorsqu’il est venu au Salon de l’auto et que Genève n’avait plus une seule chambre d’hôtel.
Au RoyalAlp à Villars-sur-Ollon (VD), le propriétaire est un groupe chinois issu de la fintech, actif également dans l’hôtellerie, le golf et les vins du Bordelais et de Bourgogne. La Lex Koller sur l’acquisition d’immeubles par des étrangers fait qu’un Chinois ne peut acheter un bien immobilier comme habitation, mais cela ne concerne
pas l’exploitation professionnelle. Personne n’est heureux d’assister à la disparition de l’hôtellerie familiale au profit de groupes financiers, mais au moins les Chinois ne peuvent pas délocaliser les palaces.
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