Après une période de gestion délicate, ce haut-lieu des biotechs en Seine-Saint-Denis, où travaillent près de 500 salariés, vient d'être racheté par Novaxia et Oxford Properties. Les deux fonds ambitionnent d'y créer nouvelle une unité de production.
Par Leo Da Veiga
C'est une nouvelle vie qui commence pour le centre des « lifesciences » Biocitech, à Romainville (Seine-Saint-Denis). Le parc technologique vient d'être racheté par Oxford Properties (65 %), filiale d'investissement et de gestion immobilière du fonds de retraite canadien Omers et par la société française de gestion d'investissement spécialisée dans le recyclage urbain Novaxia (35 %).
Les deux fonds assurent vouloir investir massivement pour rénover ce site de 20.000 mètres carrés où travaillent environ 500 salariés, répartis dans une vingtaine d'entreprises des biotechs comme Mitologics, spécialisée dans l'étude des altérations de la mitochondrie, ou Primadiag, qui développe des outils à destination des laboratoires de recherche.
Créé en 2003 sur le site historique du laboratoire pharmaceutique Roussel-Uclaf, Biocitech avait été conçu spécialement pour accueillir des laboratoires de recherche en biotechnologie, biopharmacie, bio-informatique ou encore diagnostic. « C'est un actif très particulier : les entreprises locataires ont besoin d'une température et d'un taux d'humidité très stables, de conditions de sécurité exemplaires… à la moindre défaillance, ce sont parfois des jours de travail qui tombent à l'eau ! » explique Pierre Leocadio, directeur Europe des investissements pour Oxford Properties.
Racheté en 2020 par le promoteur Fiminco, le pôle technologique a connu des difficultés. Une dizaine d'entreprises locataires, ont, depuis, déménagé invoquant un manque d'investissement et d'entretien du site.
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Une situation que les deux acquéreurs assurent vouloir changer. Chacune dispose déjà d'une expertise dans l'immobilier « biotech ». Oxford Properties est en effet propriétaire de plusieurs actifs équivalent, comme le 310 Cambridge Science Park en Angleterre ou le 745 Atlantic à Boston. Novaxia est, quant à lui, opérateur de bail à construire pour la réhabilitation du futur incubateur Biolabs de l'Hôtel-Dieu, à Paris. Les deux fonds ont initié un plan commun pour investir 1 milliard d'euros dans l'immobilier Biotech en France.
Biocitech en est la première acquisition. « Nous allons investir plusieurs dizaines de millions d'euros dans la rénovation du bâtiment, de ses équipements et de ses services dans les trois années à venir, avec un premier plan d'investissement urgent sur 12 mois », promet Joachim Azan, président de Novaxia. Mais les nouveaux propriétaires ne veulent pas simplement redorer le lustre de Biocitech, mais bien « lui offrir une attractivité et un rayonnement à l'échelle européenne, comme c'était le cas de Roussel-Uclaf ».
Dans cette optique, les deux fonds ont également acquis un terrain de trois hectares bordant le site pour y construire un nouveau bâtiment dédié à la production industrielle. Biocitech n'accueille en effet aujourd'hui que des espaces de bureaux et de laboratoires. « Or, à partir d'un certain stade de développement, les entreprises accueillies par Biocitech ont besoin de produire leurs solutions elles-mêmes », note Joachim Azan. « En outre, cela doit permettre de créer des emplois, plus accessibles aux habitants du département que ceux de chercheurs. Nous souhaitons ouvrir Biocitech au territoire », ajoute-t-il.
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Des souhaits partagés par le maire de Romainville François Dechy (DVG), qui reste pourtant prudent. « L'urgence est de réparer les erreurs de Fiminco pour sauver le site, puis de le développer, avec de la production de médicaments créatrice d'emplois. Les intentions semblent louables mais j'attends les preuves », insiste-t-il.
Léo Da Veiga
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