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Haroun à l'affiche de son film « Seuls » : « L'époque demande qu'on aille loin » – Le Journal du dimanche

INTERVIEW – L’humoriste se produit avec un spectacle bijou d’humour corrosif.
Sa tournée se terminera en mai, mais Haroun confesse déjà une pointe de tristesse. « Il y aura un deuil à faire, alors je me remets à écrire pour me consoler », dit-il tout sourire. Depuis bientôt un an, le garçon cartonne avec Seuls, son deuxième spectacle, dans lequel il se dédouble pour explorer sa part d’ombre et ausculter avec son humour chirurgical les frictions, paradoxes et tensions de l’époque. Porté par une écriture ciselée et une agilité intellectuelle nourrie par sa passion pour la philosophie, son seul en scène passe en revue des sujets minés avec une hauteur de vue réjouissante.

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Après le Théâtre Édouard VII à Paris, vous allez jouer prochainement à la salle Gaveau. Une manière de donner ses lettres de noblesse à l’humour ?
Ce sont leurs directeurs qui m’ont contacté avec l’envie de renouveler leur programmation. Ils m’ont dit : « Tu vas attirer des gens que nous n’avons pas l’habitude d’accueillir. » Et ça me va très bien car j’aime le mélange, mais aussi l’idée de démocratisation d’une discipline. Pour schématiser, on trouvait à Edouard VII le public bourgeois type Arditi et le public banlieue type Haroun qui n’a jamais fréquenté un théâtre à l’italienne.

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Et puis, je ne dis pas de grossièretés sur scène, je peux passer partout avec mes petites lunettes et mon allure d’étudiant en école de commerce. Pourtant, je n’ai rien contre la vulgarité quand elle est bien dosée, mais je ne suis pas drôle dans ce registre. Sur scène, je parle de viol, de pédophilie, je fais des références sexuelles, mais c’est toujours imagé. J’aime cette contrainte d’aborder des sujets crus sans mots crus. Je peux en utiliser, mais avec parcimonie.

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Je voulais me surprendre un peu, sortir du stand-up pur et dur de mon précédent spectacle, où mon jeu assez statique mettait le texte en valeur
Comment vous est venue l’idée de mettre en scène un double cynique et dépressif ?
Je voulais me surprendre un peu, sortir du stand-up pur et dur de mon précédent spectacle, où mon jeu assez statique mettait le texte en valeur. Durant le confinement, j’ai beaucoup lu, notamment Par-delà le bien et le mal, de Nietzsche, L’Étrange Cas du Dr Jekyll et de M. Hyde, de Stevenson… Je voulais creuser l’idée de la multiplicité en soi : « Sommes-nous seuls en nous ? Sommes-nous responsables de toutes nos pensées ? »
J’ai décidé de m’inventer un double scénique que j’appelle « le petit connard en moi ». Une mine d’or : tu peux lui faire soutenir Poutine, il va regarder la Coupe du monde de football au Qatar sans mauvaise conscience ou monter le chauffage à 25 degrés cet hiver. Le petit connard en soi, c’est celui qui succombe à toutes les pulsions ; il est dans la réaction et dans l’émotion en permanence, alors il ne réfléchit plus. Cela vaut à l’échelle de la société : on le voit dans les débats publics, l’envahissement de l’émotion empêche toute réflexion.

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On confond trop souvent rire et moquerie
Vous ne vous fixez aucune limite ?
Aucune, sinon celle de blesser. En France, on est encore à se demander si on peut rire de tout… Évidemment que oui, à condition de ne pas être dans le ricanement ou la méchanceté gratuite. Rire est une émotion viscérale, comme pleurer. Or personne ne demande si l’on peut pleurer de tout. Le problème est que l’on confond trop souvent rire et moquerie. Quand je parle des handicapés, c’est pour pointer l’hypocrisie de ceux qui utilisent le terme « personnalité à mobilité réduite » prétendument par respect mais qui se montrent condescendants et paternalistes. Les handicapés sont d’ailleurs les premiers à rire à mes sketchs. Idem quand j’imagine un lâcher de pédophiles dans un meeting des Jeunesses ­hitlériennes…
Faire le comédien n’est pas une priorité. Je viens de la scène, donc l’exercice est souvent frustrant, sur un plateau de cinéma, tu passes beaucoup de temps à attendre
Vous êtes plutôt discret au cinéma, contrairement à certains de vos confrères humoristes. Jouer à l’acteur ne vous intéresse pas ?
On va me voir prochainement sur grand écran dans À nos âges, de Robin Sykes, aux côtés de Thierry Lhermitte et de Patrick Timsit. J’ai aussi décroché un petit rôle dans Un homme heureux, avec Catherine Frot et Fabrice Luchini. Mais faire le comédien n’est pas une priorité. Je viens de la scène, donc l’exercice est souvent frustrant : sur un plateau de cinéma, tu passes beaucoup de temps à attendre, tu dois être disponible donc tu ne peux pas vraiment faire autre chose… Même quand je joue, je soûle le réalisateur pour améliorer les dialogues… Je suis beaucoup plus intéressé par ­l’écriture de films.
La société est très violente, les débats sont violents, les réseaux sociaux sont violents
Vous avez envie de régénérer la comédie à la française ?
Je ne sais pas si j’y arriverai, mais j’aimerais bien car elle manque trop souvent d’audace. Nous avons pourtant une grande tradition avec La Grande Vadrouille, Le père Noël est une ordure, Le Dîner de cons, Les Démons de Jésus, de Bernie Bonvoisin… Mais on a perdu le héros français de mauvaise foi au profit de personnages plus lisses dans des histoires pleines d’espoir et de gaieté. Or la société est très violente, les débats sont violents, les réseaux sociaux sont violents… On a donc besoin de comédies plus violentes pour permettre un rire libérateur. L’époque demande que l’on aille loin.
En tournée puis à la salle Gaveau à Paris, du 10 décembre au 22 janvier.
INTERVIEW – L’humoriste se produit avec un spectacle bijou d’humour corrosif.
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