Pour la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, le lycée Jean-Bosco a organisé deux conférences. Elles étaient animées par la psychothérapeute de Jonathan Destin, décédé.
« Je vais être cash, personne n’a jamais aidé Jonathan. » La psychothérapeute de Jonathan Destin est sans équivoque. Pour ne pas voir pareille situation à l’avenir, Catherine Latrompette était invitée par le lycée Jean -osco à s’exprimer sur le harcèlement scolaire et ce qu’il engendre. Elle a présidé deux conférences ce lundi matin, entre 9 heures et 12 h 30. De très nombreux élèves de seconde, première, terminale et de troisième y ont assisté.
Au départ, Jonathan Destin lui-même devait venir témoigner à l’occasion de la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. Mais le sort en a décidé autrement. « Quand il est mort, j’ai demandé à Catherine si elle voulait intervenir à sa place », raconte Jessica Bourigeaud, la conseillère principale d’éducation. Et qui de mieux que son amie, confidente et thérapeute pour en parler ? La praticienne a répondu immédiatement présent, n’hésitant pas à faire la route depuis Angoulême (Charente), où elle habite.

Cette intervention matinale avait vocation à libérer la parole, à « déclencher la petite étincelle ». Catherine Latrompette souhaitait avertir les élèves de l’établissement Jean-Bosco du danger, non sans rappeler que « la victime n’est pas responsable de ce qui lui arrive ». Elle a utilisé l’expérience de Jonathan Destin pour illustrer son propos. Quand elle évoque le Nordiste décédé en août, son langage corporel trahit une certaine émotion. « Sans prétention, j’étais très proche de lui », précise-t-elle la gorge nouée.
La psychothérapeute a aussi évoqué la peur viscérale du rejet, les effets du traumatisme et « l’anesthésie émotionnelle » due au harcèlement. « Le cerveau pose un gant sur l’ensemble du corps pour le protéger, mais ce gant ne fait pas la différence entre les émotions agréables et les autres », vulgarise-t-elle. Enfin, le discours s’est orienté vers la présence essentielle d’adultes bienveillants.

Ça fait maintenant quatre ans que Jessica Bourigeaud a fait du harcèlement scolaire une priorité au sein de l’établissement guînois. Dans sa tâche, la CPE est épaulée par les anges gardiens de la récréation : les Lucioles. « Ils ont choisi leur nom parce que ce sont des veilleurs, des éclaireurs. » L’équipe de volontaires sillonne la cour à la recherche du moindre comportement nuisible envers leurs camarades. Les quinze lycéens ont même une salle à disposition. « Ils se réunissent toutes les semaines, déclare la Jessica Bourigeaud. Ce sont mes relais. »
Lors de la conférence menée par Catherine Latrompette, Adrien Kaczmarek a livré un témoignage inédit. Harcelé pendant plus de trois ans au collège, le jeune homme de 24 ans a tenu à prévenir les lycéens de l’établissement Jean-Bosco contre les persécutions physiques et morales. C’était la première fois qu’il prenait publiquement la parole sur son passé.

Adrien Kaczmarek a grandi dans le Calaisis. De la maternelle au CM2, rien à signaler, une scolarisation « classique ». « Ça a commencé à se gâter en sixième », précise-t-il. En tant que gendarme, son père s’occupait de certains dossiers. Parmi eux, celui d’un parent de l’un de ses « camarades » de classe. L’enfer a commencé. « Il a organisé une haine collective, continue-t-il. Dès le matin, on me faisait des croche-pieds et on me poussait. » Avant d’ajouter : « Je finissais par m’asseoir dans le couloir du bus, j’étais constamment sur mes gardes pendant les cours à force de recevoir des projectiles dangereux, tirés par des sarbacanes. Je me cachais sous les escaliers pendant la récréation. En fait, j’évitais toute cette jungle. »
Le jeune garçon a progressivement renoncé à ses déjeuners dans l’école dont nous tairons le nom. « J’ai fini par croire que j’étais le seul fautif. » Puis le stress et les problèmes de santé. « Tout était flou, je ne ressentais plus rien ». En troisième, Adrien a changé d’établissement, tout a changé. « J’ai compris que j’avais énormément de choses à partager et que j’étais très sociable », conclut-il.
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