Le jeudi 10 novembre a lieu la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. À cette occasion l’association Asmae lance un nouvel outil : le Harcèlomètre pour repérer les comportements sains et nocifs. Détail.
À l'école, les enfants peuvent être victimes de harcèlement scolaire. Au quotidien ou de façon répétée, ils subissent humiliations, menaces, coups et ils se sentent exclus. Une situation qu'ils dissimulent pour la plupart, par honte et crainte des représailles. Et le cercle vicieux s'installe comme ça : le bourreau se conforte dans une emprise de plus en plus grande et menaçante, et la victime se terre dans son silence et s'isole. Les conséquences psychologiques sont dévastatrices, et nombre de jeunes harcelés essaient de mettre radicalement fin à leur calvaire. Les plus grands aussi d'ailleurs, car les étudiants en études supérieures ne sont pas épargnés par le phénomène, qui à l'université ou dans les grandes écoles prend la forme de bizutage et de rites d'intégration dangereux et avilissants. Dans les chiffres, en France, près d'1 élève sur 10 est harcelé chaque année, soit sur 12 millions d'élèves plus d'un million d'enfants et parmi eux, peut-être le vôtre. D'où l'importance de sensibiliser chaque parent et chaque enfant. À l'occasion de la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, qui a lieu cette année le jeudi 10 novembre, l'association Sœur Emmanuelle a mis au point un outil simple de prévention, le Harcèlomètre. Le but ? Que les jeunes sachent identifier les comportements nocifs et faire la distinction entre une relation respectueuse, une relation préoccupante et une relation dangereuse. L'outil prend la forme d'une frise qui est téléchargeable et qui peut faire office d'un marque-page dans un cahier, un classeur ou un livre d'école pour que les enfants l'aient sous les yeux en cas de besoin.
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Sur le sujet du harcèlement à l'école, il existe plusieurs références de films et livres, pour des enfants, des adolescents mais aussi des adultes et des familles. Ces mediums peuvent être un bon moyen pour mettre des mots et des images sur ce qu'est le harcèlement et parfois pour encourager la parole des victimes. Ce sont aussi de bonnes ressources pour les personnes qui sont témoins de ces situations et même pour les parents, qui ne savent pas toujours comment réagir quand ils suspectent un changement chez leur enfant.
Sélection de films et de livres :
Le harcèlement dont peut être victime un écolier peut prendre différentes formes : il peut s'agir de violences physiques (coups, blessures), psychologiques (moqueries, menaces, gestes et mots blessants, etc.), ou encore sexuelles. Généralement, un ou plusieurs élèves – parfois même des adultes ou professeurs – exercent ces violences sur un autre élève qui ne peut se défendre. Mais "dans tous ces cas de harcèlement, la violence psychologique reste omniprésente", précise Hélène Romano, psychologue. Il est important de distinguer également le harcèlement de la violence. Parfois, il arrive en effet que des enfants se bagarrent ou montrent une attitude violente, mais sans volonté de harceler l'autre. "Dans le cas d'un harcèlement, il y a une notion de durée et d'intention de nuire", explique la psychologue. Il s'agit en effet d'un acte répété, qui s'inscrit dans le temps et qui est fait dans le but de blesser l'autre. D'ailleurs, si une personne porte plainte pour harcèlement, il lui faudra prouver que ce n'est pas la première fois que cet acte se produit et qu'il est intentionnel. Par ailleurs, avec les nouveaux moyens de communications, le harcèlement scolaire prend une nouvelle forme : le cyber-harcèlement.
Le harcèlement scolaire, comme son nom l'indique, survient dans la plupart des cas au sein des écoles et sévit à tous les âges. C'est un fléau qui peut avoir lieu dès l'école primaire, et continuer au collège et au lycée. Les établissements professionnels, universités et même grandes écoles ne sont pas épargnées, et les rituels de bizutage ont mis en péril (psychologique et/ou physique) de nombreux jeunes étudiants. Il n'empêche, si le harcèlement scolaire commence à l'école, les traumatismes qu'il engendre ne se déposent pas au pied de la grille à la sortie des cours. Ces derniers ont aussi cours à la maison, et peuvent impacter un enfant dans tous les champs de sa vie, où qu'il soit, même à des dizaines de kilomètres de son école.
Votre enfant ne veut plus se rendre à l'école, invente des excuses pour rester à la maison, il est marqué de bleus, ses affaires d'école sont parfois abîmées, vous le trouvez épuisé, il présente des troubles, il s'isole et ne veut plus inviter ses camarades de classe à son anniversaire… Autant de signes auxquels il faut rester attentif. En effet, un enfant harcelé à l'école a souvent tendance à ne pas en parler à ses parents, de peur de décevoir ou par crainte des représailles. Voici 5 signes à repérer en cas de harcèlement à l'école :
Comment savoir si son enfant est victime de harcèlement scolaire ? voici les 5 signes qui doivent vous alerter, typiques des enfants harcelés à l'école.
L'association Marion La Main Tendue lance Kolibri App, une application gratuite aux enfants et à leurs parents. "Elle permet de détecter les signaux faibles du harcèlement et du cyberharcèlement", a précisé l'association, lors de son lancement. Cette nouvelle appli s'appuie sur trois éléments : la prévention, l'accompagnement et la prise en charge, et se compose de deux interfaces : l'une destinée aux enfants et adolescents victimes ou témoins de harcèlement scolaire et de cyberharcèlement, l'autre destinée aux parents, adultes et personnes de confiance. Concrètement, l'application permet d'alerter ou signaler une situation de harcèlement, partager son humeur avec la météo des émotions, accéder rapidement à des contacts de confiance, retrouver les numéros utiles, et s'informer grâce à des ressources clés sur le harcèlement et cyberharcèlement. L'appli Kolibri est disponible sur l'App Store et Google Play.
"La loi punit le harcèlement scolaire, mais aussi les violences scolaires et la provocation au suicide. Les victimes peuvent alerter la direction de l'établissement scolaire et les associations. Elles peuvent aussi demander à la justice de condamner pénalement l'auteur du harcèlement et de réparer leur préjudice", précise le gouvernement.
Les coupables de faits de harcèlement scolaire âgés de plus de 13 ans risquent une peine de prison allant de un an (sans circonstance aggravante) à 3 ans (avec circonstances aggravantes), et une amende allant de 15000 euros à 45000 euros. Aussi, le nombre de circonstances aggravantes détermine la peine encourue, notamment si la victime est âgée de moins de 15 ans, si l'auteur des faits connaissait sa vulnérabilité (handicap physique ou mental, maladie), si le harcèlement a conduit la victime à plus de 8 jours manqués à l'école ou si le harcèlement a été commis sur internet.
En 2022, les députés ont définitivement adopté une proposition de loi, déposée par le député MoDem Erwan Balanant, qui acte la création du délit de harcèlement scolaire. Cette loi "apporte une nouvelle pierre à l'édifice" et envoie "un message à la Nation toute entière : non, le harcèlement n'a pas sa place dans les établissements", s'est félicité le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer. Une loi également salué par l'association Hugo! qui lutte contre ce fléau. "Parce qu'un homme se grandit à s'abaisser à hauteur d'enfant, je suis fier d'être citoyen d'un pays qui choisit de clôturer sa session parlementaire par l'examen et l'adoption définitif d'un texte majeur qui écrit les petites lignes de l'histoire de France, celle de nos enfants, et des générations futures", explique en effet son président Hugo Martinez dans un communiqué.
Un délit passible de 3 ans de prison
La proposition de loi évoque la formation initiale ou continue des adultes, insiste sur l'importance de la prévention et prévoit que les plateformes numériques seront obligées de modérer leurs contenus. Mais sa mesure phare consiste en la création d'un délit spécifique de harcèlement scolaire qui sera passible de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende lorsqu'il provoquera une incapacité totale de travail (ITT) inférieure ou égale à huit jours, voire s'il n'a pas entraîné d'ITT. Si l'ITT dépasse 8 jours, ce délit sera passible de dix ans d'emprisonnement et de 150 000 euros d'amende lorsque les faits auront poussé la victime à se suicider ou à tenter de le faire.
Il faut savoir qu'un enfant victime d'harcèlement n'osera pas ou difficilement en parler de lui-même à ses parents. Et même si ce n'est pas lui qui aborde le sujet, il ne répondra pas la vérité de peur de décevoir. A la question (un peu trop directe) "es-tu harcelé à l'école ?", l'enfant répondra "Non", ou confirmera que tout se passe bien à l'école… Une manière de rassurer son entourage qui s'inquiète à son sujet. Donc plutôt que d'en parler trop directement avec lui, Hélène Romano conseille de parler de ce que l'on ressent en tant que parent et d'aborder le sujet de manière à ne pas impliquer son enfant directement : "Je sais que dans certaines écoles, il y a des cas de harcèlement… Je me demandais si dans ton école, c'était la même chose et s'il y avait des enfants qui t'embêtaient parfois ?". Il faut également que le dialogue soit constructif, conseille la psychologue. L'enfant doit comprendre qu'il peut compter sur ses parents et que dans un tel cas, ils seraient présents pour l'aider, le soutenir, et faire les démarches nécessaires pour que ce harcèlement s'arrête.
Dans ce cas de figure, l'outil Harcèlomètre peut aussi être utile pour aborder ce sujet avec son enfant.
En cas de harcèlement sur un enfant à l'école, les parents doivent savoir qu'ils ne sont pas seuls dans leurs démarches. "Si votre enfant est victime de harcèlement scolaire, il est préférable d'inscrire ces démarches dans un cadre médical en consultant un professionnel de santé qui, en relation avec le médecin scolaire, examinera l'enfant et déterminera son état physique et psychologique", recommande Hélène Romano, psychologue. L'enfant pourra alors bénéficier de soins et surtout d'une aide médico-scolaire qui l'autorisera à ne plus fréquenter l'école pendant une période, tout comme un adulte malade qui ferait un arrêt de travail. En effet, si l'enfant souffre trop physiquement ou psychologiquement, le médecin pourra alors établir un constat qui lui permettra de bénéficier d'un Projet d'Accueil Individualisé (PAI). C'est pourquoi il est important de passer par un professionnel de santé. A la suite de ce constat, médecins et parents font le point ensemble avec la direction de l'établissement. Si les parents souhaitent aller plus loin, en fonction de la situation, ils peuvent saisir des conseillers au niveau académique ou des médiateurs au niveau régional qui pourront alors intervenir dans l'établissement scolaire de l'enfant. Ce relais est donc important, d'autant que certaines écoles peuvent parfois réagir avec déni face à des cas de harcèlements, qui représentent un échec pour leur établissement.
Si l'enfant demande à changer de classe ou d'école, oui. Il peut parfois s'agir du bien de l'enfant, d'une manière de le protéger (dans certains cas). En revanche, s'il fait cette demande et qu'on le lui refuse en l'obligeant à retourner à l'école, ce sera pour lui d'autant plus difficile. Selon les démarches effectuées, les parents peuvent aussi être aidés pour le changement d'établissement. L'enfant peut alors être prioritaire pour être affecté où il le souhaite. Les parents doivent alors saisir la direction académique des services de l'éducation nationale (Dasen) afin de demander un changement d'établissement.
Vous souhaitez inscrire votre enfant dans un autre établissement scolaire que celui dans lequel vous êtes séctorisé ? Une demande de dérogation peut être acceptée si les raisons sont recevables et s'il reste de la place dans l'école demandée. Conseils, dates, démarches et lettre type… Voici comment vous y prendre.
Des actions de sensibilisation ont été mises en place en milieux scolaires par le ministère de l'Education, qui souhaite notamment améliorer la formation des enseignants et la prise en charge des familles. De plus, lorsque les établissements sont partants, des ateliers permettent d'aborder le sujet avec des dispositifs individualisés. Par ailleurs, on distingue plusieurs profils de "harceleurs" :
Ces derniers n'ont pas intégré les interdits sociaux ou les valeurs de respect et n'ont aucune sensibilité. Ainsi, "les meneurs sont les plus difficiles à prendre en charge, mais il est important de pouvoir les repérer pour mieux les isoler", précise la psychologue. En effet, lorsqu'on travaille avec les autres enfants, le meneur se retrouve alors isolé et ne peux plus exercer autant de pouvoir sur sa victime.
Raphaël a connu un véritable calvaire depuis le CP. Et cela a duré plusieurs années, avant que le petit garçon ne craque et accepte d'en parler à ses parents. Alors que le délit de harcèlement scolaire est adopté ce 24 février, le Journal des Femmes revient sur le témoignage poignant de la maman.
Sur le Journal des Femmes, Sandrine*, maman de Jenifer*, confie ne jamais avoir suspecté sa fille d'être victime de harcèlement à l'école. C'est il y a 4 ans, en CE1, que tout a commencé. Jenifer avait été isolée pendant la récréation par des élèves de CE2. Trois l'avaient immobilisée tandis que trois autres avaient baissé son pantalon afin de voir la couleur de sa culotte. Deux ans plus tard, alors âgée de 9 ans, Jenifer est de nouveau victime de harcèlement moral : elle subit des moqueries répétées, des gestes et commentaires blessants et agressifs… "Même si les mots ne touchent pas de la même manière que les coups, il font aussi mal", souligne la maman. Un jour, alors qu'elle est poussée à bout, la petite fille s'isole dans les toilettes de l'école. Elle desserre alors sa ceinture pour se pendre au porte-manteau. Heureusement, deux de ses camarades de classe qui l'ont surprise en train de pleurer préviennent les surveillants. "Jamais, je n’aurai pu imaginer que ma fillette de 9 ans puisse arriver à un tel geste, ni même qu’elle subisse un harcèlement moral ! Je n’ai rien vu !", confie la maman. Tout comme mes propres parents qui gardent ma fille chaque mercredi. Ni même sa sœur cadette qui n'a que 14 mois d’écart. Je me souviens aussi que le matin même de cet événement, j’ai demandé à ma fille si tout allait bien, si l’école et sa nouvelle classe lui plaisaient… Elle m’a répondu "Oui très bien !" avec un grand sourire… Le pédopsychiatre qui a ensuite rencontré ma fille m’a clairement expliqué que certains enfants masquent leur souffrance pour ne pas blesser leurs proches", explique-t-elle.* Propos recueillis en 2015. ** Les prénoms ont été modifiés.
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