À la tête du Stade Brestois depuis le 11 octobre en remplacement de Michel Der Zakarian, Yvan Bourgis, Julien Lachuer et Bruno Grougi sont toujours en poste, près d’un mois après un parachutage collectif à la tête de l’effectif professionnel et un bilan en L1 d’une défaite (Nantes), une victoire (Clermont) et un nul (Reims). Jeudi, dans un entretien d’une heure, le staff technique à la voilure très réduite a expliqué ses relations, ses pensées, son fonctionnement, son avenir.
« Déjà, les hommes s’apprécient », pose d’emblée Bruno Grougi.
« La première semaine, on a passé du temps à rassurer les joueurs, à expliquer notre démarche, nos idées et nos options, parce qu’on en a », confie Julien Lachuer qui avec ses deux compères s’est façonné un leitmotiv, un seul, qui rythme leur quotidien : « Avec les qualités des joueurs, comment créer des problèmes à l’adversaire plutôt que d’avoir à les résoudre ? La semaine de Nantes a été intense parce qu’il était important de prendre une direction, on ne voulait pas se tromper ni s’éparpiller ».
L’une de leurs premières décisions a été d’installer le 4-3-3 en compétition, « parce qu’on estime, explique Lachuer, que c’est le système qui les met le plus en valeur et on est content car on arrive de nouveau à avoir des occasions, ce qui était notre objectif. Plus on parlera de jeu, plus on aura des chances de gagner le week-end ». Nommés de façon temporaire (*) pour ramener de l’humain et de la fraîcheur à Kerlaurent avant qu’un nouvel entraîneur ne soit prochainement recruté, ces anciens joueurs du club (22 saisons à eux trois) suivent leur ligne directrice. Dans laquelle il faut employer le terme « d’option » plutôt que « choix » et où les cas individuels ne sont jamais commentés, ce qui donne parfois des réponses convenues en conférence de presse.
« On ne se voit pas encenser ou détruire untel ou untel devant tout le monde, répond Lachuer. On insiste sur les attitudes et les comportements collectifs. On a tous les trois la même philosophie, le même esprit qui nous caractérise ». « On a une vision de semaine en semaine et au fur et à mesure, on essaye d’affiner certains points, précise Bourgis. Le danger aurait été de vouloir apporter plein de choses. On a voulu aller au plus simple et tenir des convictions fortes. On s’est focalisé sur quelques précisions offensives et défensives qu’on rabâche, qu’on essaye d’ancrer. On a un socle fort avec une certaine adhésion des joueurs. » « Avant, on accompagnait des idées et là, on les propose, c’est le changement majeur », poursuit Lachuer qui tient le leadership dans la prise de parole, seul à être envoyé aux conférences de presse d’après-match. « On a tous notre mot à dire mais je ne ferai pas un procès s’il y en a un qui parle plus qu’un autre, au contraire, assure Bourgis. Je suis bien dans ma fonction d’être, peut-être, le discret, le réservé. On est comme une équipe, on œuvre pour un but commun. Quand tu es préparateur physique, on ne te demande pas de faire la compo. Là, on dépasse notre fonction pour le bien du club. »
Depuis son intronisation, le trio a n’a pas bouleversé la vie du Stade Brestois. Il a tout de même supprimé les mises au vert les veilles de match à domicile, reculé l’entraînement du samedi à 16 h un week-end sur deux, ne parle pas ou très peu de l’adversaire dans la semaine, opte pour des causeries d’avant-match synthétiques et s’appuie sur un conseil composé de joueurs d’expérience pour diffuser la bonne parole dans le vestiaire. « On ne dira pas qui mais ce sont des cadres à qui on explique les options prises ensemble, confie Lachuer. Ce sont des joueurs avec de la personnalité et importants pour le groupe qui ont un crédit et une connaissance du projet. On a besoin que l’effectif adhère. » Selon nos informations, ce mini-groupe est composé de Brendan Chardonnet, Pierre Lees-Melou, Haris Belkebla, Islam Slimani et Marco Bizot.
« Ce que j’aime dans ce trio c’est que le débat est fourni », assure à son tour Grougi, suspendu lors des trois dernières rencontres et qui pourra s’asseoir pour la première fois sur le banc professionnel à Nice, ce week-end. Il n’est toutefois pas exclu que l’ancien milieu de terrain reste une nouvelle fois en tribunes pour prendre de la hauteur et communiquer à nouveau via « talkie-walkie » avec le banc. « On sait que ça peut se terminer du jour au lendemain, conclut Lachuer. Mais on n’a pas envie d’avoir de regrets sur ce qu’on essaye de mettre en place. Si demain Mourinho ou un autre arrive, on laisse la place. »
(*) À partir du match Brest-Lyon du 28 décembre, le Stade Brestois devra payer une amende de 25 000 euros par rencontre s’il n’a toujours pas d’entraîneur détenteur du BEPF sur le banc.