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Finance mondiale : « Les banques sous-estiment le risque posé par le réchauffement climatique » – Le Journal du dimanche

INTERVIEW – Selon une étude de l’ONG Finance Watch, dévoilée ce mardi, les principales banques mondiales, y compris françaises, détiennent 1 350 milliards de dollars d’actifs dans les énergies fossiles, qui risquent de perdre de la valeur avec le réchauffement climatique. Une menace pour la planète et pour la stabilité financière.
En plus de constituer une bombe à retardement climatique, les investissements dans les énergies fossiles menaceraient la stabilité financière. C’est l’enseignement d’une étude de l’ONG Finance Watch, dévoilée ce mardi matin. Selon ce rapport, les 60 plus grandes banques au monde sont exposées à des « actifs fossiles » pour un montant total de 1 350 milliards de dollars*. Or, avec le réchauffement climatique et la décarbonation de l’économie, ces crédits consentis à des compagnies liées aux énergies fossiles risquent de perdre de la valeur et de peser sur le bilan des banques. Dans le cas des principales banques françaises, cette exposition représente 142 milliards de dollars d’actifs risqués.
L’association appelle les instances internationales – et particulièrement le Parlement européen qui étudie en ce moment cette question – à « prendre des mesures pour renforcer la stabilité financière et éviter que les contribuables n’aient à payer les frais des opérations de sauvetage des banques ». Pour cela, elle demande à rehausser les exigences de fonds propres demandées aux banques lorsqu’elles prêtent à l’industrie fossile. Explications avec Benoît Lallemand, secrétaire général de Finance Watch.
En quoi les actifs fossiles présentent-ils un risque de perte en capital ?
Le réchauffement climatique pose trois types de risques pour la stabilité financière. Tout d’abord, un risque physique liées aux inondations, aux tempêtes, etc. S’ajoutent des risques liés à la transition écologique : si les gouvernements se mettent à agir, les actifs liés aux industries fossiles perdront de la valeur. Enfin, il existe aussi un risque de disruption, souvent ignoré, qui renvoie à un événement qui déstabiliserait l’économie et pourrait paralyser des secteurs entiers. Le Covid-19 en a fait la démonstration. Ces risques commencent à se matérialiser : avant la guerre en Ukraine et la remontée des prix des fossiles, on constatait de grosses pertes financières dans ces secteurs.
Les banques font comme si ni le réchauffement climatique ni la transition énergétique n’allaient se produire
La transition énergétique ne va pas se dérouler du jour au lendemain. D’ici là, les banques n’auront-elles pas le temps de faire évoluer leurs actifs ?
Les banques pourraient dire que, si les risques augmentent, elles se désinvestiront de ces actifs fossiles. Cet argument fonctionne à l’échelle d’un établissement, mais pas à l’échelle du système financier, car la stabilité financière ne s’arrête pas aux frontières d’un pays. Dire qu’on peut s’en débarrasser au dernier moment n’est pas une excuse ! D’ici là, les banques auront contribué à accroître un risque pour l’ensemble de la société. Dans tous les cas, il y a un coût : soit dans le bilan des banques, soit pour l’équilibre de la finance.
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La stabilité financière mondiale est-elle menacée ?
Cela ne fait aucun doute. Les banques font comme si ni le réchauffement climatique ni la transition énergétique n’allaient se produire. Elles ne provisionnent pas ; elles sous-estiment ce risque parce qu’elles y ont un intérêt financier. Notre étude se penche sur des banques qui, pour beaucoup, sont trop grosses pour faire faillite. Si elles chutent, les États et les contribuables financeront leur sauvetage. Dans ce contexte, il est plus facile de fermer les yeux.
L’étude compare ces crédits aux subprimes. Quelles sont les similitudes ?
L’exposition agrégée des banques est la même, soit environ 1 300 milliards de dollars d’actifs risqués. Comme avec les subprimes, il y a un dysfonctionnement du marché : les banques engrangent des profits mais n’ont pas à assumer les pertes. Et dans les deux cas, il est très difficile de déterminer le moment du crash et la taille du crash. Avec le réchauffement climatique, c’est plus complexe encore, par manque de données : par définition, on n’a pas de recul sur la façon dont les risques climatiques affectent la stabilité financière. Le jour où on aura toutes ces données, ce sera trop tard. Par conséquent, il faut appliquer le principe de précaution et les banques doivent constituer un coussin de fonds propres. Si elles l’avaient fait au moment des subprimes, cela les aurait conduit à être plus prudentes et cela aurait diminué l’impact de la crise pour les contribuables.
Par leur inaction, les législateurs offrent un subside aux fossiles
Justement, Finance Watch propose de modifier les exigences de fonds propres. Comment ?
Depuis les accords de Bâle III [conclus en 2010 afin de renforcer la solidité du secteur bancaire mondial, NDLR], les exigences de fonds propres dépendent d’une certaine pondération des risques. Actuellement, pour prêter à une entreprise de risque moyen, une banque doit posséder 8 % de ce montant en fonds propres afin de couvrir des pertes éventuelles. Nous proposons que les actifs fossiles rejoignent une autre catégorie, celles des actifs à exposition particulièrement élevée. Le taux de fonds propres nécessaires passerait à 12 %, soit une augmentation de 150 %. Notre rapport montre que cela ne mettra pas les banques en difficulté : le capital nécessaire correspond à 3 à 5 mois de profits. D’autant que, si la mesure était adoptée, elle n’enterait pas en vigueur avant 2024-2025, assortie d’une période de transition. Le risque systémique augmente : il faut pousser les acteurs financiers à intégrer ces risques et à en faire une évaluation objective. Le Parlement européen est justement en train de revoir le règlement sur les exigences de fonds propres et, pour la première fois, il est question d’intégrer le risque climatique.
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Le rapport assimile cette sous-évaluation à une « subvention implicite » de 18 milliards de dollars par an aux énergies fossiles. Comment parvenez-vous à ce chiffre ?
Quand une entreprise emprunte de l’argent, le taux d’intérêt dépend de son profil de risque. Pour le secteur fossile, le coût du capital est aujourd’hui artificiellement bas, du fait de la sous-évaluation du risque, ce qui pénalise indirectement les énergies renouvelables. Autrement dit, par leur inaction, les législateurs offrent un subside aux fossiles. Les 18 milliards de dollars correspondent à la différence entre le coût que l’industrie fossile paye aujourd’hui et le coût qu’elle devrait payer avec une augmentation de fonds propres de 150 %.
*Méthodologie : Finance Watch a pris en compte les prêts accordés par ces 60 banques à l’industrie fossile, c’est-à-dire aux entreprises qui extraient et produisent des énergies fossiles, ainsi qu’à celles qui produisent de l’électricité à partir de fossiles. Les autres investissements ont été exclus.
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