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«Le commerce international est un facteur fondamental de croissance, en particulier pour les pays pauvres…», Olivier Blanchard, sept 2022
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Interviews
Yves Hulmann
5 minutes de lecture
Pour Kamal Bhatia, COO de Principal Global Investors, les frais de gestion figurent désormais moins au centre des préoccupations, la performance davantage.
Comment les investisseurs traversent-ils la sévère correction subie par les marchés depuis le début de cette année? Le point avec Kamal Bhatia, président de Principal Funds et Chief Operating Officer (COO) chez Principal Global Investors.
C’est la première fois depuis dix ans que les gens regardent sérieusement quelle est l’allocation d’actifs au sein de leurs portefeuilles. Je pense aussi que nous avons dépassé le pic en matière d’investissement passif. Les investisseurs sont devenus davantage attentifs à la baisse de leurs placements plutôt que de se concentrer uniquement sur les coûts de gestion. Si quelqu’un parvient à économiser 50 points de base de coûts mais qu’il subit une baisse de dix ou vingt pourcents avec ses placements, cela l’oblige à réfléchir différemment au sujet de ses investissements.
Par ailleurs, j’observe aussi que les investisseurs s’intéressent aussi à davantage de classes d’actifs que les actions et obligations traditionnelles. On observe un certain intérêt pour la dette d’entreprise avec une courte duration, en particulier dans les marchés privés. Aux Etats-Unis, les obligations municipales («Munis») redeviennent également attrayantes pour les investisseurs, aussi pour des raisons fiscales ainsi qu’en raison de la connexion indirecte avec le financement d’infrastructures. Des instruments tels que les asset backed securities (ABS) sont aussi attrayants du fait que l’accent placé sur les collatéraux redevient en vogue. Des opportunités similaires gagnent aussi en importance parmi les actifs à plus hauts risques tels que l’immobilier de prochaine génération et l’innovation dans l’alimentation.
Les États-Unis restent la région la plus favorable aux actions, en particulier pour les moyennes capitalisations, car celles-ci offrent une plus forte exposition géographique aux revenus et des valorisations plus attrayantes à l’heure actuelle.
Concernant les actions européennes, celles-ci ont été pénalisées par les nombreuses inquiétudes qui persistent en Europe en raison du conflit en Ukraine, de la crise énergétique ou des incertitudes sur le plan politique dans certains pays comme l’Italie par exemple. Donc, la prime de risque est plus élevée en Europe actuellement – mais à un moment ou un autre, la situation va se stabiliser.
S’agissant des marchés émergents, je pense qu’on peut trouver davantage de valeur dans les grandes capitalisations. En outre, beaucoup de pays émergents disposent de ressources réelles qui sont recherchées actuellement. Le Brésil est un endroit intéressant pour investir dans les marchés émergents.
Le plus grand risque pour les investisseurs basés en Suisse est l’inflation. Beaucoup de gens ont sous-estimé l’inflation et il n’y a aucune manière d’obtenir un rendement supérieur à l’inflation en investissant dans des emprunts gouvernementaux. Tous les pays vont importer de l’inflation – et la Suisse ne va pas échapper à ce mouvement. C’est pourquoi, il est nécessaire de trouver des sources de rendement qui soient à même d’évoluer au moins au même niveau que l’inflation. Beaucoup de gens privilégient des actifs sûrs actuellement. Toutefois, si vous avez, d’un côté, une inflation située entre 6 et 7% et que vous obtenez, de l’autre, 4% de rendement avec vos placements, vous perdez quand même de l’argent dans tous les cas – et cela peu importe à quel point votre investissement peut être considéré comme sûr ou non. Si l’inflation provient avant tout des prix de la nourriture, il faut trouver des moyens de s’en protéger en investissant dans des placements qui gagnent aussi en valeur dans ce domaine. Il en va de même pour l’énergie et le logement.
La plupart des actions d’entreprises liées à l’énergie sont souvent de très grandes compagnies qui sont aussi actives dans un très grand nombre de secteurs. Or, si la correction des marchés se poursuit en cas de récession l’an prochain, les titres de ces entreprises vont probablement revenir vers leur moyenne de long terme – ils ne vont pas continuer à progresser.
Un autre aspect doit être mentionné au sujet de l’énergie: la question ne se limite pas à la seule hausse des prix de l’énergie mais aussi aux coûts en lien avec la livraison de l’énergie. Il manque des infrastructures de qualité à travers le monde pour réceptionner l’énergie livrée. C’est donc un sujet complexe qui comprend de nombreuses dimensions.
C’est dans tous les cas une thématique extrêmement intéressante actuellement. Nous allons assister à un boom des investissements dans les infrastructures liées à l’énergie ou en général. Il faudra non seulement des nouveaux terminaux pour accueillir les livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) mais aussi pour la nourriture. Le logement, l’énergie et l’alimentation compteront parmi les grands thèmes de ces prochaines années. Nous allons probablement voir l’âge d’or de l’investissement dans tous les fonds destinés au financement d’infrastructures.
Elle est très différente de celle de 2008. Lors de la crise financière globale de 2008, on avait assisté à une chute simultanée des actifs financiers et des actifs sociaux. En même temps que les marchés financiers chutaient, beaucoup de gens perdaient en effet leur emploi ou leur maison. En 2022, on a assisté jusqu’à présent avant tout à une correction des actifs financiers. En revanche, les actifs sociaux n’ont, eux, pas encore été affectés. Il n’y a pas encore eu de véritable ajustement de la demande et la plupart des gens continuent à dépenser leur argent. Le ménage moyen américain s’en sort plutôt bien actuellement – les gens ne ressentent pas encore la douleur de la correction. Les employés disposent toujours d’un pouvoir de négociation important en matière de salaires. En 2023, une récession surviendra et c’est à ce moment-là que les actifs sociaux commenceront à en subir les conséquences. C’est pourquoi, je pense que l’on assistera à une série de crises en plusieurs étapes. Cela signifie également que l’on ne sortira peut-être pas aussi rapidement de cette crise que lors des crises précédentes – également parce que les banques centrales ne disposent actuellement pas des mêmes moyens d’actions pour relancer la croissance. La crise actuelle pourra être répartie sur deux à trois ans.
Parmi 42 marchés analysés à l’échelle mondiale, la Suisse est le huitième marché le plus inclusif sur le plan financier, indique le Global Financial Inclusion Index publié fin septembre par Principal Financial Group. Plusieurs facteurs ont contribué à la bonne place obtenue par la Suisse dans ce classement. Le soutien solide qui est offert aux niveaux de l’État, du système financier et des employeurs, combiné à l’investissement dans des moteurs de croissance à long terme, tels que l’adoption de la technologie, ont contribué à la bonne place de la Suisse dans ce classement.
Le Global Financial Inclusion Index se concentre sur trois aspects: le soutien du gouvernement, le soutien du système financier et le soutien des employeurs. Il examine dans quelle mesure chacun de ces piliers fournit les outils, services et conseils pertinents pour permettre aux populations de ces États d’atteindre des niveaux plus élevés en matière d’inclusion financière.
Dans le détail, la Suisse se classe au troisième rang concernant le soutien du gouvernement, 11e en ce qui concerne le soutien du système financier et 16e s’agissant du soutien des employeurs, par rapport aux autres marchés analysés dans l’indice.
Autre point positif: la Suisse possède le système fiscal le moins complexe parmi tous les marchés présents dans cet indice. Le fait de recourir à un système fiscal relativement moins complexe est un point commun parmi quatre des cinq marchés les plus performants de l’indice. La Suisse se classe au premier rang avec Singapour dans ce domaine.
En matière de soutien du gouvernement, le pays se classe deuxième concernant le niveau d’emploi, 10e concernant l’adéquation, la durabilité et l’intégrité de son système public de retraite, et cinquième concernant la sensibilisation et l’adoption des régimes de retraite obligatoires du gouvernement.
En matière de soutien du système financier, la Suisse se classe cinquième concernant la quantité et la qualité de ses entreprises de technologies financières («fintech»), 10e concernant l’accès aux comptes bancaires et 13e concernant l’accès au crédit. Elle se classe 16e pour son volume de transactions de paiement en temps réel. La Suisse obtient des scores inférieurs en tant que catalyseur de la confiance des entreprises (20e), ainsi que des droits de protection des emprunteurs et des prêteurs (21e).
En matière de soutien des employeurs, bien que la Suisse se classe huitième concernant les cotisations de retraite des employés et 12e concernant les prestations d’assurance fournies par les employeurs, ses notes chutent concernant les initiatives de rémunération flexible (26e), ainsi que le soutien et les conseils fournis aux employés par les employeurs en matière financière (25e). L’indice Global Financial Inclusion Index a été élaboré en partenariat avec le Centre for Economics and Business Research (Cebr).
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Biographie
COO
Kamal Bhatia est chief operating officer (COO) chez Principal Global Investors, l’unité de gestion des investissements mondiaux de Principal Financial Group. Il est aussi président de Principal Funds. Kamal Bhatia a la responsabilité globale des équipes d’investissement couvrant les actions mondiales et les stratégies multi-actifs, les plateformes d’exploitation et le conseil aux clients, ainsi que la distribution américaine et internationale. Avant de rejoindre Principal, Bhatia était directeur (CEO) de OC Private Capital, une co-entreprise entre OppenheimerFunds et Carlyle Group.
Société
Principal Global Investors (PGI) est un gestionnaire de fortune américain dont le siège se trouve dans l’Iowa et qui gère des actifs totalisant plus de 507 milliards de dollars un large éventail d’investisseurs issus de plus de 80 pays. La succursale de PGI en Suisse a été ouverte fin 2016 et elle est dirigée par Martin Bloch. En tant que multi-gestionnaire de boutiques d’investissement indépendantes, PGI peut proposer à ses clients différentes stratégies d’investissement. Finisterre Capita se distingue par ses stratégies de rendement total pour les obligations des marchés émergents.
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