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Ankit Panda : "La Corée du Nord constitue aujourd'hui une véritable menace nucléaire" – L'Express

Photo diffusée le 10 octobre 2022 par l'agence nord-coréenne KCNA du leader nord-coréen Kim Jong Un supervisant le tir d'un missile depuis un lieu non précisé
afp.com/STR
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A l’heure où le monde a les yeux rivés sur la guerre en Ukraine, le dictateur nord-coréen Kim Jong-un a multiplié ces dernières semaines les tirs de missiles balistiques à un rythme effréné. Au point que Washington craint désormais que Pyongyang lance prochainement un nouvel essai nucléaire. “La capacité nucléaire de la Corée du Nord s’est considérablement accrue ces dernières années”, insiste Ankit Panda, spécialiste de la prolifération nucléaire au think tank Carnegie Endowment on International Peace à Washington. Entretien. 
L’Express : Comment expliquer la multiplication des tirs nord-coréens ces dernières semaines ? 
Ankit Panda : Il s’agit d’après la Corée du Nord d’une réponse aux exercices militaires conjoints menés par la Corée du Sud et les Etats-Unis ces dernières semaines. C’est le retour d’une dynamique bien connue : Pyongyang procède à des tirs, ce qui pousse les Etats-Unis et la Corée du Sud à répondre, et incite à nouveau la Corée du Nord à répliquer. La différence aujourd’hui, c’est le rythme nettement plus soutenu des tirs nord-coréens. Nous avons déjà assisté à 50 lancements de missiles balistiques et de croisière depuis le début de l’année, ce qui est un chiffre sans précédent. On peut donc craindre que cela devienne une forme de nouvelle normalité pour la Corée du Nord. Cela souligne la détermination de Pyongyang à poursuivre le développement et la modernisation de son programme nucléaire. 
Le fait que l’attention internationale se concentre sur la guerre en Ukraine crée-t-il une fenêtre d’opportunité pour Kim Jong-un ? 
La Corée du Nord aurait procédé à ces tirs même sans la guerre en Ukraine, dans la mesure où cela s’inscrit dans une stratégie de long terme. Toutefois, il est clair que le fait que les Occidentaux aient les yeux rivés sur la guerre en Ukraine réduit l’attention qu’ils portent à la péninsule coréenne. Ce qui joue, de facto, en faveur de Pyongyang. En outre, l’isolement de la Russie vis-à-vis de l’Occident, et de la communauté internationale en général, a rapproché Moscou de Pyongyang. Les Russes aident les Nord-Coréens de nombreuses manières. En les protégeant, avec la Chine, au Conseil de sécurité de l’ONU, contre de nouvelles sanctions internationales. Mais aussi de manière plus indirecte. Des rapports ont ainsi accusé des entités basées en Russie de soutenir le programme de développement de missiles nord-coréens. Un phénomène contre lequel Moscou va être de moins en moins enclin à lutter. 
La menace nucléaire nord-coréenne est-elle sous-estimée actuellement ? 
C’est effectivement le cas, et ce depuis plusieurs années. Depuis l’expulsion des experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en 2009, nous n’avons plus la possibilité de surveiller directement le développement du programme nucléaire nord-coréen. Et notre capacité à le restreindre est limitée. Pendant ce temps, Pyongyang continue d’amasser de nouvelles capacités, et d’augmenter le nombre et la qualité de ses missiles et ogives nucléaires. On se trouve aujourd’hui dans une situation où presque rien de ce qui se passe en dehors de la Corée du Nord n’influe réellement sur les choix de Kim Jong-un. Et il n’a montré que très peu d’intérêt à venir s’asseoir à la table des négociations avec les Etats-Unis. 
Dès lors, nous devrions à mon sens nous éloigner – au moins à court terme – de l’objectif maximaliste de la dénucléarisation de la Corée du Nord, pour nous concentrer davantage sur les moyens d’éviter une escalade nucléaire avec Pyongyang. Il nous faut réfléchir aux mesures que nous pouvons prendre pour réduire ce risque. Et si la Corée du Nord n’est pas prête pour le moment à coopérer avec nous sur le sujet, nous devons réfléchir à ce qui peut être fait unilatéralement par les États-Unis et par la Corée du Sud pour avancer. 
La Corée du Nord a tiré, mardi 4 octobre, un missile balistique à portée intermédiaire (IRBM) qui a survolé le Japon.
Dario Ingiusto / L’Express
Dans ce contexte de blocage, doit-on s’attendre prochainement à un nouvel essai nucléaire nord-coréen ? 
La probabilité est effectivement forte dans les semaines ou mois à venir. Nos moyens de le prévoir seraient assez limités, mais cela pourrait intervenir dans les 24 à 48 heures après que Kim Jong-un en a donné l’ordre. Ce nouvel essai porterait probablement sur une arme nucléaire tactique à faible rendement, pour laquelle la Corée du Nord a récemment manifesté un intérêt considérable. 
Pourquoi un tel intérêt ? 
La Corée du Nord a une stratégie qui repose sur la menace d’une utilisation rapide d’armes nucléaires pour compenser son infériorité militaire conventionnelle face aux États-Unis et à la Corée du Sud. Dans ce contexte, le développement d’armes nucléaires tactiques fait sens car cela renforcerait la crédibilité de sa dissuasion. Il est en effet très difficile d’imaginer que la Corée du Nord aurait recours dès le départ à l’utilisation de missiles balistiques imprécis emportant de larges ogives destinées à rayer de la carte des villes sud-coréennes… 
Pyongyang pourrait menacer d’utiliser des armes nucléaires tactiques à plus faible rendement sur le champ de bataille contre les forces militaires conventionnelles des États-Unis et de la Corée du Sud. Ce qui augmenterait de fait le risque de leur utilisation, et donc, celui d’une guerre nucléaire sur la péninsule coréenne. Le fait que Pyongyang se dote de cette nouvelle capacité pourrait forcer les Etats-Unis et la Corée du Sud à avoir des discussions difficiles sur la manière de faire face à cette nouvelle menace. 
Oublier la menace nucléaire nord-coréenne serait donc une grave erreur… 
Absolument, car cette menace nucléaire augmente. La capacité nucléaire de la Corée du Nord s’est considérablement accrue ces dernières années. Elle dispose aujourd’hui de plus d’armes nucléaires et de meilleure qualité, et continue de renforcer ses capacités. Il s’agit d’une véritable menace nucléaire : c’est le troisième adversaire nucléaire auquel les États-Unis sont confrontés aujourd’hui. 
Que pense la Chine de l’évolution du programme nucléaire de la Corée du Nord ? 
Traditionnellement, la Chine a de sérieuses réticences à laisser l’un de ses voisins se doter de l’arme nucléaire. Et ce, en dépit de la relation historiquement étroite avec la Corée du Nord. Toutefois, dans un contexte de hausse des tensions entre Pékin et Washington, la Chine a commencé à considérer qu’une Corée du Nord dotée de l’arme nucléaire n’était plus un handicap, mais un atout. Ainsi, Xi Jinping considère de plus en plus Kim Jong-un comme un partenaire utile pour déstabiliser les Etats-Unis. Pour autant, si la Corée du Nord se lançait dans des provocations d’ampleur, comme un essai nucléaire atmosphérique, cela provoquerait sans doute des inquiétudes de la Chine. Mais il me semble peu probable à l’heure actuelle que Kim Jong-un prenne le risque de déplaire à Pékin en se lançant dans une action de ce type. 
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