Pièces complète 2 euro commémorative et accessoires protection pièces

Après l'affaire Santier, la révélation d'un autre cas à Versailles crée le malaise – La Vie

S’abonner, c’est accéder à l’intégralité du magazine en version numérique dès le mercredi soir. Découvrir nos offres
PARTAGE
Dans la cathédrale Saint-Louis de Versailles. • LAURENT GRANDGUILLOT/REA
Seules deux paroisses, dont il a été le curé, en parlent, de façon laconique. Jean-Jacques Villaine, prêtre à la retraite du diocèse de Versailles, est mort le 9 octobre. « Ses obsèques seront célébrées mardi prochain 18 octobre dans la stricte intimité du fait de sanctions canoniques qui imposent cette disposition », indiquait mi-octobre un communiqué de la paroisse Sainte-Marguerite du Vésinet, dont Jean-Jacques Villaine avait été curé. Pas de détail sur les mesures en question, encore moins sur leurs raisons. L’existence de mesures canoniques à l’encontre du prêtre, curé de plusieurs paroisses successives dans les Yvelines, a été divulguée par l’évêque de Versailles, Luc Crépy, aux prêtres du diocèse, à la suite de son décès. Aucun communiqué n’a été publié à ce sujet sur le site du diocèse.
À quelques jours de l’assemblée plénière des évêques à Lourdes, du 3 au 8 novembre, ce cas pose, une fois de plus, la question du secret des sanctions canoniques sur des clercs. Selon des documents réunis par La Vie, une plainte pour viols et agressions sexuelles sur personne majeure a été déposée auprès de la justice en 2019 concernant ce prêtre. La gestion de ce cas rappelle fortement l’affaire révélée mi-octobre par Golias et Famille chrétienne concernant Michel Santier, ancien évêque de Créteil visé par des sanctions canoniques en 2021 pour abus spirituels à des fins sexuelles sur deux jeunes adultes dans les années 1990. Le droit de l’Église ne l’exigeant pas, ces sanctions n’avaient pas été rendues publiques, empêchant tout appel à témoignages pour trouver d’éventuelles autres victimes… qui n’ont pas tardé à se faire connaître, quelques jours seulement après la révélation de l’affaire sur la place publique.
C’est d’ailleurs le cas Santier, survenu seulement cinq jours après le décès de Jean-Jacques Villaine, qui a poussé Cécile à réagir. Lorsque, via son témoignage et sa plainte pour viols et agressions sexuelles, des mesures canoniques sont prises à l’encontre du prêtre, elle ne pense pas une seule seconde que les sanctions de l’Église puissent rester secrètes. « Quand il y a un procès en France, le verdict est public ! Pour moi, c’était une évidence qu’il en serait de même dans l’Église catholique. » Or, le droit de l’Église ne prévoit pas de divulgation des sanctions canoniques, adressées personnellement aux concernés. Le parallèle avec l’affaire Santier pousse donc Cécile à prendre la parole, pour retrouver d’éventuelles co-victimes, comme cela a été le cas après les révélations concernant l’ancien évêque de Créteil.
Pour Cécile, aujourd’hui âgée de 49 ans et résidant dans l’Essonne, le silence a duré 25 ans. Il lui aura fallu tout ce temps pour comprendre qu’elle était victime, et non coupable. C’est le documentaire d’Arte, Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Église, qui lui fait prendre conscience de sa situation. « C’est en entendant l’histoire de ces religieuses, en comprenant le phénomène de l’emprise, que j’ai compris ce qu’il m’était arrivé, et que je n’étais pas seule. Les violences sexuelles isolent, car les agresseurs font toujours croire aux victimes que la faute repose sur elles. » Parce que jeune majeure à l’époque des faits, elle ne se reconnaît pas dans les affaires de viols et agressions sexuelles sur mineurs. « Dans l’Église, on a du mal à comprendre le phénomène d’emprise. Certains prêtres et religieux se comportent comme les gourous d’une secte, avec les manipulations qui vont avec. »
À l’époque, dans les années 1990, Cécile a 19 ans, et elle vient de perdre son père. La famille en deuil se retrouve dans une situation économique compliquée. Cécile, elle, n’a personne à qui se confier. C’est en intégrant la chorale de la cathédrale Saint-Louis de Versailles qu’elle rencontre Jean-Jacques Villaine, qui dirige le chœur. « Il m’a prise sous son aile, me ramenait souvent chez moi en voiture, on discutait… Il avait l’âge de mon père. Petit à petit, je lui ai accordé toute ma confiance. » Quand la famille est touchée par une panne de chauffage, le prêtre propose à la mère de Cécile de la laisser venir travailler au presbytère. C’est là qu’a lieu le premier attouchement. « Il était très tactile, très affectueux. Les choses ont dégénéré au fur et à mesure sans que je ne m’en rende compte. »
Pour justifier les agressions sexuelles, le prêtre invoque un discours ressemblant à celui des frères Philippe ou de Régis Peyrard. « Il parlait d’histoire d’amour/amitié. Il disait que les relations sexuelles qu’il imposait étaient une manière comme une autre d’exprimer l’amour de Dieu. Et il me demandait de ne rien dire, parce que les gens ne comprendraient pas. » La situation d’emprise dure trois ans, à l’issue desquels Cécile prend du recul mais est écrasée par la honte et la culpabilité. Accompagnement psychologique, difficultés conjugales, pensées suicidaires, problèmes de santé… « C’est une vie pleine de chaos. »
À la suite du visionnage du documentaire et de sa prise de conscience, l’Essonnienne porte plainte en 2019. Les faits sont prescrits, mais cette démarche lui permet de prendre contact avec une association de victimes et des policiers, qui l’aident à mettre des mots sur ce qu’elle a vécu et comprendre que cela correspond à une infraction pénale. Lorsque Luc Crépy, ancien responsable de la commission permanente de lutte contre la pédophilie, est nommé évêque à Versailles en 2021, Cécile lui écrit. Il la reçoit. À la suite de son témoignage, l’évêque saisit la Congrégation pour la doctrine de la foi, à Rome, au sujet de Jean-Jacques Villaine, alors en maison de retraite.
En décembre de la même année, Cécile reçoit une lettre de Luc Crépy l’assurant des sanctions canoniques prises à l’encontre de son agresseur : « L’abbé Villaine n’exerce plus son ministère sacerdotal, hormis la célébration ou la concélébration à la maison de retraite où il réside. Il ne peut plus entendre de confessions, ni célébrer aucun sacrement. » S’ensuit un échange de courriers entre l’évêque de Versailles et la victime de Jean-Jacques Villaine, courriers auxquels La Vie a pu avoir accès, dans lesquels Luc Crépy insiste sur la volonté de faire justice dans l’Église catholique et de sanctionner les coupables. « Là où la justice civile a classé l’affaire sans lui donner de suites, l’Église a cherché à répondre à la gravité des faits, insiste-t-il dans une lettre. Les mesures disciplinaires qui ont été prises sont des sanctions très fortes, puisque l’abbé Villaine est privé de tout exercice de son ministère. »
Cécile n’est pas de cet avis : « Ce que je retiens, c’est que des mains d’agresseur sexuel peuvent toujours toucher l’hostie consacrée. Le Corps du Christ serait-il moins précieux que la visibilité publique d’un prêtre ? Il y a là pour moi quelque chose de profondément inaudible et incohérent… » C’est, au fond, toute la question du décalage entre le sentiment, en interne, d’avoir réagi à une situation, y compris en allant plus loin que ce que la justice civile peut faire, tandis que l’opinion publique exprime des attentes toujours plus grandes de cohérence, et des garanties que l’Église est réellement une « maison sûre ». « Cette grâce des sacrements, qui est censée ne pas dépendre de l’intégrité morale des prêtres qui les administrent, est une gifle de plus envers les victimes. »
Surtout, les sanctions canoniques, comme dans le cas de Michel Santier, restent non diffusées, ce qui pose une fois de plus le problème de la transparence. « Ce que j’aurais attendu de Luc Crépy, c’est qu’il lance un appel à témoignages pour retrouver d’autres victimes », insiste Cécile, persuadée qu’elle n’est pas la seule, comme dans le cas de l’affaire Santier. L’association d’aide aux victimes d’abus et violences sexuelles dans l’Église Comme une mère aimante, dont Cécile est membre, a d’ailleurs signalé à la justice d’autres situations préoccupantes concernant Jean-Jacques Villaine « Le premier devoir du chrétien est de prendre soin des plus faibles. Ce silence des procédures, jusque dans la non-divulgation des mesures prises, est en profond désaccord avec ce que l’Église prétend être. »
Cette exigence de silence dans l’annonce des sanctions a été évoquée par Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, au sujet de l’affaire Santier : « Il existe une tension entre les exigences du droit canonique, son usage, ses interprétations qui peuvent varier d’un expert à l’autre, les pratiques de la justice de notre pays, le respect des personnes et l’exigence de transparence que portent beaucoup de fidèles. » Le droit canonique exige en effet que les sanctions ne soient communiquées qu’à la personne visée ainsi qu’à la victime. « Nous devons réfléchir à des changements dans nos procédures, dans notre façon de les mener comme d’en communiquer les résultats », assure l’archevêque de Reims.
Contacté, le diocèse fait part d’une situation d’une grande complexité, entre émotion, morale et droit de l’Église. « Le père Villaine a été informé des mesures appliquées, de même pour la personne victime, comme l’exige le droit canonique. Rome demande que les sanctions ne soient pas rendues publiques. Nous n’avons pas cherché à cacher quoi que ce soit. » Reste que cette question de la transparence risque fort de revenir avec insistance dans les mois qui viennent, et que l’institution catholique pourra difficilement échapper à une remise en question de ses usages en la matière.
Pour continuer votre lecture, Abonnez-vous
le premier mois puis 5,50€/mois
Je soutiens La Vie
La Vie propose une partie de son contenu gratuitement, mais l’information de qualité a un coût. Votre soutien est précieux pour nous aider à préserver notre exigence journalistique et l’indépendance de notre rédaction.
Notre sélection d’articles sur le même sujet
Newsletters de La Vie
"La Quotidienne", "Le choix de La Vie", "Regards chrétiens" : recevez tous nos articles d'actualité directement dans votre boîte mail.
S'inscrire

source

https://seo-consult.fr/page/communiquer-en-exprimant-ses-besoins-et-en-controlant-ses-emotions

A propos de l'auteur

Backlink pro

Ajouter un commentaire

Backlink pro

Prenez contact avec nous

Les backlinks sont des liens d'autres sites web vers votre site web. Ils aident les internautes à trouver votre site et leur permettent de trouver plus facilement les informations qu'ils recherchent. Plus votre site Web possède de liens retour, plus les internautes sont susceptibles de le visiter.

Contact

Map for 12 rue lakanal 75015 PARIS FRANCE