L’auteure de « L’Élégance du hérisson » revient au Japon pour la seconde partie d’un diptyque.
Il y a deux ans, dans Une rose seule (Actes Sud), nous découvrions une jeune Française venue à Kyoto pour recevoir l’héritage spirituel et matériel d’un père qu’elle ne connaissait pas. Aujourd’hui, Une heure de ferveur nous permet de rencontrer ce père. Muriel Barbery signe un diptyque à la fois sobre, poétique et délicat qui nous embarque pour le Japon, un pays où elle a vécu mais qu’elle ne cesse de découvrir.
Vous êtes fascinée par le Japon depuis longtemps. C’est pourtant la première fois que vous situez des romans là-bas. Pourquoi avoir attendu si longtemps ?
Il m’a fallu dix ans avant d’être capable de métaboliser l’expérience japonaise, de la transformer en un texte de fiction. Jusqu’à présent, je me sentais trop impressionnée, je craignais de ne pas être à la hauteur de la tâche. Et puis j’ai trouvé la bonne forme, les douze chapitres, les petites paraboles façon zen. Grâce à ce livre, je redécouvre ce pays à travers mes personnages, je revis les extases des premières fois.
Il y a deux ans, lorsque vous avez publié Une rose seule, saviez-vous qu’il y aurait un second volet ?
Pas du tout. Je pensais en avoir terminé et j’avais même un autre projet, sur les dernières heures d’un homme qui revisiterait sa vie. Mais Rose me manquait affreusement, j’avais envie d’en savoir plus sur elle, et donc cet homme aux portes de la mort est devenu le père de Rose. J’ai repris l’histoire et suis remontée dans le temps.
Dans les deux livres, on mange tout le temps et il n’arrête pas de neiger !
L’amour de la gastronomie, du moment gourmand, est un des points communs entre la France et le Japon. Ils ont une multitude de chaînes de cuisine. C’est donc une obsession japonaise qui est aussi la mienne ! Quant à la neige, l’année où je suis arrivée à Kyoto en 2008, elle ne cessait de tomber, c’était magique. Le Pavillon d’Argent sous la neige, c’était irréel, esthétiquement parfait.
Cet amour du Japon a-t‑il influencé votre vie quotidienne et votre écriture ?
Ce pays a eu un énorme impact sur ma façon de regarder la nature, les tableaux. Quant à l’écriture, je pense que la sobriété maximale des Japonais pour dire la plus grande complexité a forcément un impact sur mon sens de la narration. Cela va avec une aspiration d’épurer les textes, de resserrer, de refuser les facilités, d’être moins lyrique que ce que j’étais autrefois. Mais ma source d’inspiration est et restera toujours la littérature française.
« Une heure de ferveur », de Muriel Barbery, Actes Sud, 300 pages, 20,80 euros.
Accédez à tous les contenus du JDD en illimité Recevez chaque soir dès 18h30 notre édition quotidienne, Le Journal de Demain Recevez chaque mercredi et chaque vendredi nos nouvelles lettres, Bon dimanche et Bon dimanche à Paris, pour préparer votre week-end Consultez le Journal du Dimanche dès le samedi soir à 23h45