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Village de cirque #18 : au rendez-vous d'un cirque de création populaire et exigeant – Toutelaculture – Toutelaculture

Du 9 au 25 septembre 2022, la coopérative De Rue De Cirque (2r2c) organisait, comme tous les ans à la même époque, son festival Village de cirque. Retour sur quelques temps marquants de l’événement, qui permettait de découvrir des propositions très neuves qui voisinaient avec des œuvres bien rodées, de grandes formes qui cohabitaient avec des spectacles plus intimistes.
 
Ce Village de cirque #18 avait ses locomotives, ses grands spectacles pour tous les publics accueillis sous chapiteaux, prévus pour de très grandes jauges. Il avait aussi une myriade de petites propositions, parfois plus expérimentales, ou plus jeunes, qui apportaient une belle diversité. Dans l’ensemble, la programmation était de qualité, comme elle l’est chaque année en somme.
Du point de vue des grandes formes, c’est le spectacle PIC du Surnatural Orchestra et du Cirque Inextremiste qui a ouvert le bal. L’expression est d’autant plus appropriée qu’il s’agit vraiment d’un spectacle musical, puisque le Surnatural Orchestra est un big band de musiciens plutôt portés du côté jazz, mais un jazz généreux, avec une tendance chaude, festive, tonitruante même parfois, en bref loin d’être inaccessible ou sèchement cérébral. En face, on trouve Yann Ecauvre et le Cirque Inextremiste, c’est-à-dire un goût pour l’acrobatie et les équilibres précaires, avec ici une mise en piste qui tente de projeter le spectacle dans tout l’espace du chapiteau, y compris et même surtout en hauteur, en utilisant un rail en haut du chapiteau permettant des accroches mobiles et spectaculaires. On a peu souvent l’occasion de voir des musiciens jouer tête en bas à dix mètres de hauteur ! C’est sympathique, tout à fait adapté à une sortie en famille, avec une belle énergie de groupe, même si en définitive la pure technique circassienne est un peu en retrait, et que le côté concert l’emporte nettement sur le côté cirque.
La grande forme suivante restait dans l’univers du bal, puisqu’il s’agissait de En attendant le grand soir de la compagnie Le doux supplice. Si la musique y tient une place très importante, c’est cette fois-ci une musique enregistrée, le spectacle étant plutôt une mise en scène de la joie et du plaisir de se retrouver pour pratiquer en groupe des danses folkloriques et populaires. Pour la dimension circassienne, les artistes entrecoupent leurs chorégraphies de portés acrobatiques, qui finissent par s’y entremêler inextricablement. L’inclusion graduelle du public est menée avec beaucoup de délicatesse et une bonne humeur communicative, et, de fil en aiguille, des membres du public se retrouvent à danser avec les artistes, et les gradins finissent par complètement se vider au profit d’une sarabande géante au milieu de laquelle les acrobates érigent leurs colonnes. C’est enthousiasmant, réjouissant, on peut même dire enchanteur, d’une certaine façon. Un spectacle à la progression habile et aux interprètes généreux, dont on ressort avec un grand sourire plaqué sur le visage.
Finalement, Le lac des cygnes dans sa version circassienne, porté par la compagnie L’Eolienne – Florence Caillon, est un projet de moins grande taille, mais pas moins ambitieux. Adapter le célèbre ballet, le réduire à une heure et quelques minutes, transposer la musique, mêler mouvements de danse et acrobaties, c’est un sacré défi. Le spectacle, créé il y a deux ans, était présenté à Village de cirque avec une nouvelle distribution, qui n’avait pas encore eu le temps de mûrir ses mouvements jusqu’au degré de sophistication exigé par ce spectacle qui exige une précision d’exécution extrême. On devinait tout le potentiel de l’œuvre, cependant, dans les tableaux ciselés, une façon harmonieuse de lier mouvement chorégraphié et acrobaties, quelques instants pénétrés de grâce et d’émotion. Il faudra encore un peu de travail pour que, les mouvements et le rythme étant parfaitement familiers, les interprètes puissent être davantage connectés entre eux, et avec le public.
Sans doute dans ces spectacles “têtes d’affiche” faut-il aussi compter le très bon M.E.M.M. d’Alice Barraud et Raphaël de Pressigny (notre critique ici) qui jouait pour la deuxième fois devant un public parisien.
Au titre des spectacles plus courts, ou en tous cas à jauge plus modeste, on pouvait voir ou revoir des spectacles déjà éprouvés, dont l’excellente réputation est tout à fait méritée, comme Rapprochons-nous de La Mondiale générale ou Tripode par la compagnie Les choses de rien, un spectacle-installation créé par Boris Gibé il y a plus d’une décennie et transmis à une jeune interprète. L’occasion de constater que les arts du cirque continuent de bâtir leur répertoire, qui devient une réalité au fur et à mesure des années.
On a eu le plaisir de découvrir parmi ces spectacles une proposition toute en simplicité et en sensibilité, Fall-in de la compagnie Presque Siamoises, qui a un charme discret mais indéniable. Un homme et une femme dans un petit espace de jeu, un mouvement qui oscille entre danse et acrobatie avec une mesure de contorsion, le tout gravitant autour du thème de la rencontre amoureuse, ce grand emballement qui met la pagaille dans les certitudes des vies bien rangées, qui condamne à perdre pied dans un chamboulement qui peut devenir vertigineux. “Je suis foutue”, confie l’un des deux personnages quand le choc de la rencontre fait vaciller les murs derrière lesquels elle s’est retranchée. Les deux corps se cherchent, s’étreignent avec douceur, s’appuient l’un sur l’autre, tandis que les deux protagonistes racontent à haute voix le voyage intérieur dans lequel ils se retrouvent embarqués. De cette valse des embrassades et des esquives, de ce joli texte adressé avec une franchise sans apprêts, reste en sortant une sensation de légèreté, comme si on avait reçu un poème en prose plein d’humour et d’intelligence qui nous avait touché à l’endroit de notre expérience la plus intime. Très réussi.
La découverte de Juste une femme de la compagnie Cabas était également un plaisir, même si on est moins convaincu par la mise en corps. A la base de ce spectacle documentaire, la rencontre avec une personne migrante qui habite désormais en France, Aissetou, et le témoignage enregistré de son parcours de vie. Comment et pourquoi elle a dû fuir son pays, quelles épreuves elle a traversées pour arriver jusqu’ici, comment elle a trouvé une façon de retrouver la joie dans le pays qui l’a accueillie malgré toutes les avanies. L’interprète et autrice Cécile Yvinec construit autour de ce témoignage un méta-récit intelligent, qui resitue comment une jeune femme blanche née en France peut rencontrer et recevoir une telle confession. En tant qu’œuvre dramatique, la proposition est touchante et absolument passionnante, c’est un bel exemple de théâtre documentaire juste, sobre, authentique. Côté mouvement, la circassienne évolue sur une sorte de portique sur lequel elle peut grimper en équilibre, ou auquel elle peut se suspendre. C’est l’occasion pour elle de traduire physiquement l’épreuve de la traversée, la précarité de la situation de celle qui est l’héroïne du spectacle, mais cette façon de métaphoriser par le corps les situations narrées n’arrive pas à rivaliser avec le caractère extraordinaire de l’histoire racontée, le profond bouleversement de la jeune femme qui l’accueille, la bonne humeur solaire et le rire illimité qui sont dans la voix enregistrée d’Aissetou. Il y a des images claires, des mises en situation justes, quelques mouvements qui laissent sourdre l’émotion, mais on n’arrive pas à se détacher de l’idée qu’un traitement sous forme d’un spectacle de pur théâtre aurait finalement été tout aussi juste pour servir ce matériau extraordinaire qui constitue le coeur du spectacle.
Le prochain festival Village de cirque aura lieu en septembre 2023. En attendant, la coopérative 2r2c doit inaugurer bientôt un nouveau lieu de fabrique artistique dédié aux arts de la rue et du cirque, RueWATT, dans le 13e arrondissement de Paris.
 
Visuel (c) Ian Grandjean
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