Des chômeurs embauchés sur un terrain de rugby, voilà l’expérience originale tentée par Pôle emploi. Au complexe sportif Georges-Martin de Lons, 75 demandeurs d’emploi participaient ce mardi à des ateliers sportifs, mêlés à des recruteurs et des conseillers Pôle emploi qui n’avaient pas dévoilé leur identité. L’objectif final étant de provoquer des mises en relation.
Cette méthode insolite et innovante présente l’avantage de « sortir du carcan curriculum vitæ, lettre de motivation et expérience », souligne l’agence Pôle emploi de Lons à l’origine de l’organisation de cette opération appelée « Du sport vers l’emploi ». Pour les chefs d’entreprise, ce contexte…
Cette méthode insolite et innovante présente l’avantage de « sortir du carcan curriculum vitæ, lettre de motivation et expérience », souligne l’agence Pôle emploi de Lons à l’origine de l’organisation de cette opération appelée « Du sport vers l’emploi ». Pour les chefs d’entreprise, ce contexte est propice à l’observation du « savoir-être ». Un critère d’embauche devenu primordial qui n’est pas forcément visible lors d’un entretien classique. « 80 % des employeurs s’appuient sur cet aspect », assure Pôle emploi qui a réalisé un sondage.
Lors des petits jeux de rugby – accessibles à tout le monde-, les patrons ou chefs d’agence d’intérim jaugent ainsi les attitudes, la solidarité, le sens du collectif des participants. « On ne cherche pas l’exploit sportif », précisent les conseilleurs Pôle emploi, le rugby n’étant qu’un simple prétexte.
Patron de Norauto à Bizanos, Christophe a enfilé la chasuble d’entraînement et s’est glissé parmi les demandeurs d’emploi. Ce gérant d’enseigne est notamment à la recherche de mécaniciens et d’un vendeur spécialisé en magasin. « C’est révélateur des comportements et de la motivation. La priorité c’est le savoir-être », confie le dirigeant. Et de poursuivre : « Je suis fan de ce type de démarche car on sort de notre zone de confort avec des trames de recrutement qui datent d’il y a 25-30 ans ».
Thierry Gremillon, du groupe Crit, spécialisé dans le travail intérimaire, s’est lui aussi fondu parmi les chômeurs et se félicite de cette initiative. « C’est une découverte sans a priori sur des gens que l’on ne connaît pas », explique ce directeur de secteur qui prospecte notamment pour l’aéronautique, la métallurgie, le BTP et le transport.
Et même si les compétences ne correspondent pas, les patrons semblent prêts à aider les chômeurs repérés à s’adapter. « On peut prendre une belle personne qui n’est pas du cœur de métier. La priorité c’est le bien-être du salarié », confirme Patrice de Norauto. Son homologue chez Crit abonde en ce sens.
« Aujourd’hui on ne cherche pas des compétences mais plutôt des profils faisant preuve de dynamisme, d’esprit d’équipe ou de personnalité. Après nous avons des dispositifs de formation pour les accompagner. Il suffit d’être motivé, nous, on s’occupe de l’aspect formation avec nos clients employeurs », complète Thierry Gremillon.
De l’autre côté, les demandeurs d’emploi plébiscitent aussi cet exercice informel, à l’instar de Mathieu et Jade en recherche d’emploi depuis cet été. « Quand mon conseiller Pôle emploi m’a demandé de prendre un short et un tee-shirt, j’ai été surprise ! Mais c’est assez intéressant », confie la jeune femme qui travaille dans le secteur de la petite enfance. Ingénieur en environnement de formation, Mathieu se dit ouvert à tout après une opération du genou et apprécie ce mode de recrutement. « On est à nu, sans casquette, juste en tant qu’humain. Sur le terrain, l’apparence ou le physique ne sont pas jugés. Cela permet de découvrir, sans a priori, d’autres facettes que l’on n’aurait pas décelé en entretien », estime cet amateur de rugby.
Après un déjeuner commun, l’anonymat des recruteurs a finalement été levé et chacun a pu retrouver sa tenue de ville afin de prendre part à un job-dating durant l’après-midi.
En tout, cinq agences du territoire (Lons, Pau Jean-Zay, Pau Lyautey, Oloron, Mourenx) étaient engagées dans l’opération. « Le même type d’animation à La Rochelle (avec le Stade Rochelais) a débouché sur 70 % de placements des participants », affirme David Vialat, directeur départemental de Pôle emploi. Le bilan l’opération lonsoise dira si l’essai est transformé !
Il vous reste 90% de cet article à lire
À partir de 1€ par mois, sans engagement.
Déjà abonné ? Identifiez-vous.