Adrien est altiste à l’Orchestre régional de Normandie, avec lequel il joue dans des hôpitaux de la région et devant de jeunes publics.
“C’est un métier qui me plaît dans le sens où c’est le rapport entre le musicien et le public. C’est le partage de la musique avec les gens, rencontrer les gens.” Adrien
En août 2021, Adrien apprend qu’il est atteint d’une tumeur au cerveau de 6cm de diamètre. Celle-ci se manifestait par des troubles visuels et de langage, des crises d’épilepsie et des problèmes de lecture. “Si je laissais cette tumeur progresser, je risquais d’être hémiplégique. Donc il fallait intervenir assez vite.”
Un chirurgien de l’hôpital de Caen lui propose de réaliser une opération de neurochirurgie éveillée. “Le patient est sous sédation, mais il a conscience de tout ce qui se passe autour de lui et de tout ce qu’on fait sur lui.”
Étant donné l’emplacement de la tumeur, proche des zones du cerveau liées à la vue, au langage et à la mobilité, l’opération est risquée et demande une grande minutie au neurochirurgien.
“Le chirurgien m’a proposé de jouer de l’alto pendant l’intervention, pour voir si tout se passait bien, si je ne perdais pas mes sensations pendant l’intervention. J’ai été séduit par cette proposition.” Adrien
Pendant l’intervention, Adrien joue Le Forban, une chanson de marin. À un moment donné, son bras se paralyse. Le chirurgien affine alors son intervention et la mobilité revient. L’opération de 4 heures est un succès : la tumeur est entièrement retirée.
“Il y avait beaucoup de monde dans la salle d’intervention. Je voyais vraiment que c’était un moment important pour la médecine, et pour moi aussi. J’avais l’impression de faire un concert pour plein de gens dans un bloc opératoire.” Adrien
À 16 ans, Julien avait l’habitude de fabriquer des bombes agricoles avec des amis, faites à partir de sucre et de chlorate. Un dimanche après-midi de l’été 2004, une de ces bombes explose entre ses mains.
“La première chose qu’on fait quand on sort et qu’on est à l’air libre, c’est qu’on regarde un peu autour de nous, on regarde si on a quelque chose ou pas. Et à ce moment-là, on s’aperçoit que j’avais perdu les mains et une partie de l’avant-bras.” Julien
Julien est hospitalisé pendant trois semaines à Lyon, puis transféré dans un centre de rééducation où il apprend à vivre avec des prothèses myoélectriques, munies d’une pince permettant de saisir des objets.
“Quand je sortais, je laissais toujours les prothèses à la maison. Je n’ai jamais eu peur du regard des autres, parce que de toute façon on est tous différents.” Julien
Julien doit renoncer à son CAP cuisine qu’il avait débuté à 15 ans et se lance dans une formation pour travailler dans le bâtiment. En parallèle, il fait des examens et un bilan psychologique pour espérer pouvoir bénéficier d’une greffe. Le 11 juillet 2009, Julien reçoit un appel pour le prévenir qu’un donneur lui correspond et qu’il doit se rendre à l’hôpital.
L’opération dure 36 heures. Au réveil, Julien a deux nouvelles mains, qu’il doit réapprendre à utiliser. “Je me rappelle du médecin qui me dit : ‘Essaye de bouger les doigts’. Et au final, on voit le bout des doigts bouger.” “Les trois premiers mois, on n’a pas de sensibilité. Puis au fur et à mesure, avec la repousse nerveuse, on retrouve la sensibilité.” Julien
Merci à Adrien et Julien.
Musique de fin : Scar Tissue par les Red Hot Chili Peppers
L’Orchestre de Normandie a pour mission de sillonner le territoire normand à la rencontre de tous les publics. Ses musiciens se battent pour préserver cette identité, contre la fusion de l’orchestre, décidée pour janvier 2024, avec l’Opéra de Rouen.
Article de Sarah Saltiel-Ragot, “Fusion de l’orchestre et de l’opéra de Normandie : “Chacun aura sa place” affirme la région”, France Bleu, 06/12/2021
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