Alors que le Conseil de l’Europe veut interdire la sanction "file dans ta chambre" aux parents. Une punition qui a désormais ses détracteurs mais défendue par ses adeptes de toujours comme Caroline Goldman, psychologue. Détails.
[Mise à jour du 12 octobre à 18h02] "Tu files dans ta chambre maintenant !" Quel parent à bout n'a jamais utilisé cette phrase pour désamorcer une situation conflictuelle avec son enfant, et éviter une escalade de violence verbale ? Ou même de perdre son sang-froid et risquer un geste de trop ? Une sanction jusque-là inoffensive, mais à laquelle il va falloir bientôt trouver une parade. Le service parentalité du Conseil de l'Europe est en train de sérieusement réfléchir à l'interdire, a rapporté Le Figaro. Et pour cause, cette punition, appelée aussi "time out" pour "temps mort", est dorénavant jugée inutile et nocive, alors même qu'elle était qualifiée de "châtiment non violent" pendant quinze ans. Un avis que ne partage pas la psychologue Caroline Goldman, autrice du livre File dans ta chambre, paru en 2020. Interrogée sur le sujet par nos confrères, l'experte qui défend cette technique parentale l'assure : si le "time out" était préconisé par l'Europe, ce n'est pas sans raison. "Elle repose sur des recherches rigoureuses qui ont mené à un consensus scientifique encore plébiscité par les plus grands experts et organismes à ce jour : la méthode Barkley (pour le traitement des TDAH) ; le Pr Kazdin (directeur du centre de parentalité à l'université de Yale) ou encore l'Academy of Child and Adolescent Psychiatry (qui le recommande comme "stratégie parentale efficace")" Elle ajoute aussi n'avoir "jamais lu ou entendu aucun acteur de la pédopsychiatrie en activité, en France, à ce jour, déclarer que cette méthode était nocive." Ni aucune étude sérieuse le démontrer non plus, assure l'experte. Pour elle, sur ce type de sujet, il est important de prendre en compte l'avis des "véritables spécialistes du terrain" et des recherches.
Fessées, cris, humiliations… Les violences éducatives ordinaires sont interdites par la loi depuis 2019. L'association Stop VEO et la Fondation pour l'enfance lancent un nouveau spot vidéo pour sensibiliser les parents à une éducation sans violence.
Plusieurs spécialistes qui prônent l'éducation positive partagent l'avis du Conseil de l'Europe. Interrogés par nos confrères du Figaro, Christine Schuhl, éducatrice de jeunes enfants, s'indigne qu'une telle pratique éducative existe encore. "Un enfant qui s'énerve et désobéit est un enfant qui ne va pas bien. Depuis quand laisse-t-on seul quelqu'un qui va mal ? C'est une sanction psychique inouïe et je pèse mes mots. Si on veut que l'enfant se calme, il faut rester avec lui." Un autre expert, David Dutarte, fondateur du réseau FamilyLab France, assure que ce type de sanction serait même contre-productive. "Si on l'exclut dès qu'il nous remet en question, l'enfant se sent nié. Si on l'écoute, il se sent valorisé et il respectera mieux les limites des adultes. C'est ça, l'éducation : l'influence à long terme. Le Conseil de l'Europe a remplacé les violences par des astuces insupportables qui visent à manipuler les enfants." Héloïse Junier, docteure en psychologie souligne aussi que le "time out" implique d'autres violences : "Il faut souvent tirer l'enfant par le bras pour qu'il aille dans sa chambre !"
Un argument que réfute Caroline Goldman, psychologue pour enfants. L'experte défend avant tout "la nécessité de mettre des limites à l'enfant" et cela passe parfois par cette mise à l'écart dans le calme de l'enfant. Ce serait une manière d'éduquer "sans violence" et "sans laxisme", explique-t-elle en introduction de son podcast Établir les limites éducatives. Au Figaro, elle affirme que "ne pas recevoir de limites éducatives est un drame équivalent aux carences affectives. Une autre forme de violence." "Quand un enfant déborde, 'parler, expliquer, répéter, câliner, faire diversion, se servir un verre d'eau, respirer très fort et exprimer les émotions', comme le recommande l'éducation positive, c'est bien mais ça ne suffit pas à endiguer ses pulsions agressives", explique-t-elle. Envoyer son enfant se calmer seul dans sa chambre n'est certes pas toujours agréable à faire en tant que parent, mais "ça n'est pas une violence car ça n'est ni injuste, ni violent (ni coups ni cris)." C'est en soi une "réponse à son appel normal d'apprentissage de la frustration dans sa fonction socialisante (l'enfant sera ensuite apprécié pour sa capacité à se retenir de 'tout dire' et de 'tout faire')."
Sur ce sujet, les parents sont aussi partagés. Ceux qui sont contre le "time out" avancent l'argument que l'enfant jeune est encore trop petit pour comprendre le sens de la sanction. "L'enfant n'aura rien compris à ce que vous vouliez, mais il va croire à un instant T que vous ne voulez plus de lui", a confié une mère à nos confrères. Pour d'autres en revanche, le "time out" a été leur sauveur. Après avoir lu l'ouvrage de la psychologue Caroline Goldman, une mère de famille prénommée Carole l'a mis en pratique pour son fils qui se montrait violent. "S'il refusait de monter dans sa chambre, je ne le forçais pas, je disais 'OK, tu vas donc rallonger le temps que tu y passeras'. Il finissait par monter. Aujourd'hui, les règles sont acquises. Il ne m'a pas fallu beaucoup de temps pour rééquilibrer notre relation", a-t-elle déclaré au Figaro.
Aujourd'hui, le Conseil de l'Europe souhaite retravailler le "time out". Il serait d'ailleurs actuellement sur le point de "produire une nouvelle norme", affirme le quotidien. Quelle sera alors la bonne méthode pour calmer et punir un enfant ? La psychologue Caroline Goldman, elle, espère que le Conseil de l'Europe va revenir sur sa décision, et tenir ses positions comme il l'a fait ces dernières années.
Sommaire Une punition qui divise L'avis des parents [Mise à jour du 12 octobre à 18h02] "Tu files dans ta chambre maintenant !" Quel parent à bout n'a jamais utilisé cette phrase pour désamorcer une situation conflictuelle…
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