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Travail du sol, rotation, décalage de semis… De nombreuses options agronomiques existent pour constituer son menu de désherbage.
Avec des problèmes toujours plus prégnants d’adventices résistantes aux herbicides et un panel de molécules herbicides qui s’amenuise au fil du temps, venir à bout des mauvaises herbes n’est pas toujours une sinécure. Pourtant, conjointement à l’alternance des modes d’action des herbicides au sein de la rotation, des solutions agronomiques peuvent être mises en place.
« C’est un peu comme une boîte à outils, avec, en fonction des cas de figure, certains utilisables ou non, mais le but reste bien de piocher le plus possible dedans et de les alterner », considère Lise Gautellier Vizioz, spécialiste de la protection intégrée des cultures chez Arvalis.
Parmi ceux-ci, le travail du sol tel que le labour ou les faux semis, voire le désherbage mécanique en culture, peuvent être intéressants. Le labour permet notamment d’enfouir en profondeur les graines d’adventices mâtures tombées au sol. Or, toutes les graines des différentes espèces ont un taux annuel de décroissance (TAD) différent, qui fait qu’elles vont naturellement perdre plus ou moins vite leur capacité à germer.
Cette rapidité à perdre de la viabilité varie en fonction des adventices. Celui qui a un TAD très important, avec une très bonne efficacité du labour, c’est le brome : 90 à 95 % des stocks enfouis ne seront donc plus viables après un labour, et ce, même si on le ramène en surface avec des conditions optimales pour germer. Pour le ray-grass ou le vulpin, qui demeurent de grosses problématiques en céréales à paille, et plus généralement sur cultures d’hiver comme le colza, les TAD sont autour de 60-70 %. Ce qui reste intéressant, notamment comparé aux efficacités des herbicides. Attention, l’effet du travail profond du sol sur la folle avoine est neutre de par sa capacité à germer en profondeur. Sur des problématiques de dicotylédones, les TAD sont plus proches de 40-50 % et ce levier est alors moins percutant.
Il est donc recommandé de labourer tous les trois-quatre ans environ pour avoir un cumul de cet effet sur plusieurs années. « Mais même avec un labour tous les ans, on voit dans certains de nos essais longue durée que c’est une meilleure solution que l’absence de labour pour gérer les graminées automnales », ajoute la spécialiste d’Arvalis.
« Il faudra malgré tout privilégier le labour plutôt avant les céréales au sein de la rotation pour éviter d’assécher le sol avant le semis du colza et assurer sa bonne levée. En revanche, pour lutter contre l’ambroisie, le labour est fortement déconseillé car le TAD de cette plante est très bas et ses graines seront tout de même conservées », précise Fanny Vuillemin, chez Terres Inovia.
De leur côté, les faux semis, qui ont pour but de travailler le sol très superficiellement pour mimer un semis et faire lever les adventices, détruites par la suite soit chimiquement, soit mécaniquement, vont être très dépendants des conditions climatiques. D’ailleurs, même avec de bonnes conditions d’intervention, la dormance de certaines adventices ne sera pas toujours levée. C’est notamment connu pour le vulpin si les conditions ont été fraîches et humides en mai et juin.
Sur betteraves, cette technique sera à réserver aux agriculteurs bio qui retardent les semis, ou exceptionnellement aux parcelles très infestées, car il pourra y avoir de fortes pénalités de rendement.
L’ambroisie pouvant se développer dans les chaumes après la récolte des céréales, il faudra réaliser un déchaumage d’au moins 5 cm pour la détruire avant qu’elle ne soit en fleurs et qu’elle ne fasse des graines. « En revanche pour faire un déstockage des graines, un travail plus superficiel et rappuyé sera nécessaire, avant de réintervenir pour détruire les plantules », ajoute Terres Inovia. Enfin, les faux-semis sont intéressants avant tournesol, soja, maïs ou sorgho, en prenant soin, si l’on détruit les repousses mécaniquement, de le faire dans le sec pour éviter de provoquer de nouvelles germinations.
Ce levier va d’ailleurs souvent de pair avec un décalage des dates de semis, comme vu précédemment sur betterave. L’idée : être dans une période moins préférentielle à la levée des mauvaises herbes. Ainsi, même si le stock existe, elles lèveront moins. Et si l’on implante la culture plus tard, les adventices peuvent lever avant et être détruites par de faux-semis ou au cours de la préparation de semis.
Sur céréales à paille, Arvalis préconise de cibler en priorité les parcelles les plus infestées en graminées, car d’un point de vue du chantier, il ne sera pas possible de tout semer avec un décalage de 20 jours ou 1 mois par rapport à une date classique. « On peut effectivement perdre un peu de potentiel avec des semis plus tardifs, mais sur des parcelles avec de forts soucis de gestion de ray-grass ou de vulpins cette perte de potentiel est largement compensée par le gain de rendement dû à une compétition réduite des graminées sur la culture grâce aux réduction de densités d’adventices obtenues. Contrairement à un changement de rotation ou à la mise en place d’un labour, c’est un levier qui ne nécessite pas un changement de structure ou de système pour être mis en œuvre », souligne Lise Gautellier Vizioz.
Sur tournesol ou soja, un décalage de 15-20 jours, couplé au faux semis, peut baisser la pression d’espèces annuelles capables de germer tôt dans ces cultures (renouée liseron, ambroisie, tournesol sauvage, xanthium…). Bien qu’assez délicat à utiliser sur maïs, il s’agit aussi d’un levier agronomique efficace.
En outre, l’absence de rotation ou des rotations simplifiées peuvent mener à une spécialisation de la flore, voire à l’apparition de résistances. Si certaines mauvaises herbes peuvent lever tout au long de l’année, comme c’est le cas pour le ray-grass, d’autres ont des pics de levées préférentiels calqués sur une certaine saisonnalité, comme le vulpin. Même si de plus en plus de vulpins lèvent au printemps, l’adventice est normalement plus automnale. En intégrant une culture de printemps ou encore mieux une espèce estivale (maïs, sorgho…) dans la rotation, le pic de levée de l’adventice sera évité. Elle pourra alors être détruite dans l’interculture notamment pour la préparation du semis. Cette logique vaut aussi pour des mauvaises herbes aux levées printanières comme les renouées ou chénopodes, qui pâtiront de l’insertion de cultures d’automne au sein de la rotation.
Du point de vue de la gestion des résistances, intégrer de nouvelles cultures pourra aussi permettre d’alterner les modes d’action des herbicides. Attention toutefois, car de mêmes modes d’action sont présents sur plusieurs espèces cultivées.
« En général plus les rotations sont variées, plus la flore l’est aussi, avec des quantités moins importantes par adventice, elles sont donc plus faciles à gérer », note Arvalis.
Autre levier pouvant être mis en place : le désherbage mécanique. Ce dernier, qui peut parfois fonctionner sur des cultures d’automne, présente surtout un intérêt sur celles de printemps ou d’été comme le maïs, le sorgho, le tournesol, le soja ou même la betterave.
Le désherbage mécanique entre les rangs peut ainsi remplacer les traitements herbicides de postémergence sur betteraves même si cette intervention reste très dépendante des conditions climatiques de l’année. Il est aussi possible de localiser l’herbicide sur le rang, mais cela demeure encore assez confidentiel sur cette culture. L’autre voie travaillée sur betterave, c’est le désherbage mécanique sur le rang avec la houe rotative ou la herse étrille, mais, pour cela, il faut attendre 3-4 feuilles.
Sur un colza implanté au semoir à céréales comme au monograine, le désherbage mécanique peut présenter de bons résultats. Le désherbage mixte avec un herbicide sur le rang et un binage dans l’interrang montre une bonne complémentarité (herbisemis pour la prélevée ou pulvérisateur localisé type Maréchal par exemple pour la postlevée). La herse étrille, en plein, est intéressante quoiqu’inférieure au binage. Mais dans ce cas, il sera opportun d’intervenir tôt, « à l’aveugle », sur de jeunes adventices en prélevée du colza ou à partir de 3-4 feuilles du colza, puis avec un produit de rattrapage de type Mozzar. Des techniques mixtes ne doivent être réservées qu’aux dicotylédones non problématiques et pas aux graminées. Quant à la houe rotative, elle reste moins efficace.
Sur tournesol et soja, le binage sera efficace et complémentaire aux herbicides. Sur des dicotylédones de type mercuriale, chénopode ou morelle, la herse étrille pourra faire du bon travail. Mais cela sera moins vrai sur graminées estivales.
Sur maïs, Arvalis confirme que l’emploi d’une bineuse, d’une herse étrille, d’une houe rotative ou même de désherbinage dispose d’une bonne efficacité sur les dicotylédones annuelles. En revanche vis-à-vis de graminées, il faudra opter pour la bineuse ou le désherbinage.
Le colza associé présente divers avantages dont celui d’augmenter la concurrence vis-à-vis des adventices. Lorsque la biomasse totale du colza et du couvert dépasse 1, 5 kg/m² en entrée hiver, celle des adventices est moindre…, c’est notamment intéressant dans des situations où le colza seul peine à atteindre ce seuil, comme en sols superficiels. En revanche, il n’y a pas d’effet sur le nombre d’adventices levées mais seulement sur leur croissance. On ne voit pas non plus d’effet sur le long terme.
Quant aux couverts d’interculture, leur effet reste aléatoire sur les adventices. Réussir à avoir un couvert étouffant, concurrentiel des adventices, n’est pas toujours évident. Et quand un effet répressif du couvert a été observé en interculture sur les mauvaises herbes, il n’y a là encore pas d’effet observé dans la culture suivante. En non-labour, les cultures sont généralement variées au sein de la rotation et la couverture du sol peut être importante, permettant d’étouffer les adventices. Toutefois si les conditions ne permettent pas la levée de couverts suffisamment denses, on ne pourra pas bien les gérer. Mais en non-labour on s’appuie souvent sur le glyphosate pour gérer ces levées… « Quant au semis direct du colza, il présente un intérêt pour éviter de remettre des graines en germination, notamment celles de géranium et crucifères », ajoute Terres Inovia.
« Il y a dix ans, nous avons rencontré des problèmes de ray-grass résistant aux herbicides. D’autres adventices posent aussi ponctuellement problème comme le chardon ou le xanthium.
Les rotations ont donc été allongées. Sur la partie non irrigable, au lieu d’un blé dur suivi d’un tournesol, désormais il y a un sorgho, puis un tournesol avant le retour de la céréale. Je trouve, par ailleurs, que l’apport du sorgho dans la rotation est intéressant pour nettoyer les parcelles grâce à des molécules herbicides différentes. Et comme il couvre le sol rapidement, il étouffe les adventices.
Dans la zone irrigable, les productions de semences (maïs, colza ou potagères) précèdent, quand cela est possible, durant deux années, sinon pour un an, le blé dur.
Le sol est labouré avant les cultures d’été (maïs semences, sorgho et tournesol) ainsi que les semences potagères. Cela permet de réduire le stock semencier. De plus, nous nous sommes équipés d’une houe rotative, d’une herse étrille, d’une bineuse et d’un système GPS RTK.
Forte baisse des herbicides
Le désherbage mécanique est réalisé une à deux fois sur les cultures d’été. Les potagères ont le droit à 3-4 passages. Quasiment tous les ans, il y a des créneaux pour passer ces outils. En revanche, sur céréales, ce levier est moins envisageable car les conditions météo ne pas toujours au rendez-vous. Sur les parcelles les plus à risques, je retarde la date de semis des céréales. Les mauvaises herbes sont ainsi détruites avant, chimiquement ou mécaniquement.
Quant à l’effet des couverts végétaux contre les adventices, j’ai encore du mal à savoir si cela fonctionne sur le long terme.
Enfin à la moisson, les zones les plus touchées sont récoltées en dernier. Et nous avons pris l’habitude de nettoyer la machine pour ne pas disséminer les graines.
Ainsi, le ray-grass ne semble plus résistant. Dès qu’une parcelle commence à être sale, nous activons ces leviers de lutte agronomique. Nous avons aussi diminué drastiquement l’emploi des herbicides, qui ne sont souvent utilisés qu’en localisé sur les zones les plus problématiques. »
« Il y a quelques années, une parcelle de prairie que j’avais retournée a été envahie de rumex, sortis de dormance. J’ai réussi à les maîtriser en grande partie grâce à des déchaumages successifs, tous les 8 à 15 jours, à 10 cm de profondeur, avec un outil à patte d’oie, qui permet un bon recouvrement.
J’ai complété avec des passages de vibroculteur pour extraire les racines et les faire sécher en surface. Cette année-là, l’été était très sec et c’est grâce à la météo que j’en suis venu à bout.
L’an dernier, le printemps humide a favorisé la pousse des mauvaises herbes. J’ai eu une invasion de rumex dans les lentilles, semées début mai, et qui ont été récoltées tard. J’ai déchaumé après la moisson, mais c’était déjà trop tard. Je n’ai pas réussi à gérer tous les rumex, certains ont repiqué. L’été dernier a été humide, ce qui n’a pas aidé. J’ai recruté de l’aide pour les arracher à la main en automne. On en a enlevé une quantité importante et il en reste encore. Quand la racine de la vivace devient trop épaisse, elle sèche plus difficilement et a une faculté à repousser astronomique.
Je n’ai pas eu ce problème dans les céréales d’hiver, qui étaient déjà implantées au printemps, limitant ainsi les levées de rumex. Je fais en sorte qu’ils ne montent pas à graine à la moisson, par de l’arrachage manuel au printemps. C’est une solution quand il y en a peu. Le déchaumage intensif a en effet l’inconvénient de dessécher le sol.
Définir ses priorités
Ma stratégie pour entretenir le sol et apporter de l’azote est de semer du trèfle blanc au printemps, qui couvre le sol après la moisson. Mais sur les parcelles infestées de rumex, il faut faire un choix. Dans ce cas, je ne sème pas de couvert et je déchaume après la récolte pour dessécher les racines. »
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