Publié le 04/10/2022 à 06h05
Owen Gourdin
Maxence Beaugé (714e), licencié au Paris Lagardère Racing, attaquera le tournoi international Nevers-Nièvre, mercredi 5 octobre. Avant le tirage, lundi 3 octobre, le Neversois annonçait la couleur : « Pas grand-monde ne sera content de me jouer ». Juste ce qu’il faut de confiance pour aborder sereinement le rendez-vous le plus stressant de la saison. Suivi par le préparateur mental Yann Enslen depuis près d’un an, le droitier de 22 ans raconte son évolution positive.
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Quelle place occupe le tournoi international Nevers-Nièvre dans votre saison ?
Ce n’est pas un tournoi comme les autres. C’est un gros objectif. La dose de stress y est importante. Je dois toujours gérer mes émotions, mais ici peut-être plus qu’ailleurs. Parce que j’ai envie de bien faire, de montrer que je progresse. Tout ça, devant mes proches.
Pourquoi avez-vous mis l’accent, cette saison, sur votre préparation mentale ?
Pour devenir un homme. C’était mon premier objectif. Ça, et d’être bien dans mes baskets. J’étais quelqu’un de très timide, très réservé. J’ai pris confiance en moi. Il faut un peu d’égo dans ce sport. Si on ne parle que de jeu, je n’ai rien à envier à des mecs qui sont autour de la 200e place mondiale. C’est ce qui est frustrant. Mais le mental en tennis, c’est peut-être 70 % du résultat.
Et vous manque-t-il de mental ?
Je me frustre très vite. Je n’accepte pas l’erreur. C’est du perfectionnisme néfaste. Je prends les choses trop à cœur, quitte à parfois tout remettre en question à la moindre défaite. Mon préparateur mental ne m’empêche pas de gueuler, pour faire sortir le négatif, mais à condition que je sache me reconcentrer ensuite. J’ai l’impression de devoir surjouer pour gagner. De devoir briller. Il n’y a pourtant pas besoin d’être à 100 % sur chaque point.
Comment a commencé votre collaboration avec votre préparateur mental ?
On a commencé à travailler ensemble fin décembre. Sur les premières séances, Yann m’a fait passer des tests pour me cerner. Les résultats sont tombés : confiance, 8 sur 20 ; calme sur un terrain, 10 sur 20… Après un premier test de trois mois, j’ai accroché. J’ai senti des effets positifs. Je me débloque mentalement, je fais sauter des verrous.
Un geste se travaille en le répétant. Mais comment travaille-t-on son mental ?
Dans la vie quotidienne. Il est question de respiration. Je dois couper le téléphone. Chaque soir, avant de me coucher, je fais une séance de sophrologie. Je visualise mes gestes, j’imagine des scénarios. Que penser si l’adversaire me domine largement ? Si je le domine largement ?
Tu peux mener 5-0, contre un adversaire qui ne touche pas une bille, et plonger parce que ce même adversaire a décidé de lâcher ses coups en étant dos au mur, parce que tu t’es mis la pression. Parfois, je rêve de ce que j’imagine. Et ça s’ancre plus vite.
Cela m’arrive encore de penser à la conséquence d’un mauvais coup. J’imagine la touche “delete”, comme sur un ordinateur, pour passer au point suivant. Le tennis, c’est une succession de petits combats.
Comment ce travail mental se traduit-il sur le court ?
Comme en dehors, en pensant à ma respiration. Si j’ai besoin de me relâcher, les inspirations et expirations sont longues. Si j’ai besoin d’être dynamique, l’expiration est courte et forte. Je fais appel à des mots-clés pour me concentrer sur autre chose que le score. Cela m’arrive encore de penser à la conséquence d’un mauvais coup. J’imagine la touche “delete”, comme sur un ordinateur, pour passer au point suivant. Le tennis, c’est une succession de petits combats.
Entre lesquels, vous êtes livré à vous-même…
C’est vrai. On n’a pas le droit au coaching. Quand on joue le point, on ne pense pas à tout ça. Mais entre chaque point, on a le temps de cogiter. Une vingtaine de secondes (temps accordé entre deux points), c’est plus long qu’on ne le pense. Et sur un changement de côté, c’est encore plus vrai.
Avant, j’étais comme un con, à ne rien faire. Maintenant, j’ai un rituel. Deux grandes inspirations, une gorgée de ma boisson d’effort, une gorgée d’eau. Puis j’analyse les deux derniers jeux. Je ne glande plus pendant une minute et demie, je mets ce temps à profit.
Vous servez-vous aussi de votre préparation mentale pour déstabiliser l’adversaire ?
Je dois rester concentré sur des choses que je peux maîtriser. Je ne me dis pas “fais le courir”. Si le gars aime courir… L’année dernière, je suis tombé sur un Américain adepte du trash-talking (provocation verbale). Je répondais avec des petits bisous sur certains de mes points gagnants. Il m’avait surmotivé. Mais sur un autre match, dans un contexte similaire, ça m’avait tendu.
Après bientôt une année de collaboration avec votre préparateur mental, quel bilan tirez-vous ?
Si j’ai gagné autant de places, c’est beaucoup grâce à ça. Je sens que j’arrive à mieux exprimer mon tennis. Les coups partent mieux. Et je me focalise moins sur mon classement, qui ne doit être que la conséquence de mon travail. Même si la Fédé veut nous faire croire que si on n’est pas à telle place à tel âge, on ne fera pas carrière. Je vise un top 100. Pour bien vivre du tennis. Je n’en suis pas encore là. Mais je progresse. Cela marche. Si bien, que je me dis que ça va déconner à un moment. C’est bête. Il y a toujours ce petit démon au-dessus de ma tête, qui prend parfois le dessus (sourire).
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Owen Gourdin
owen.gourdin@centrefrance.com
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