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Publié le 21/09/22 mis à jour le 27/09/22
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Tout au long de l’année, Télérama rend compte du travail des créateurs, explique leur démarche, analyse leur évolution, critique leurs œuvres, s’enthousiasme face à leur inventivité. Et, une fois l’an, au Théâtre du Rond-Point, nous convions nos lecteurs (et tous ceux qui le souhaitent) à rencontrer ces artistes, intellectuels et scientifiques, lors d’une journée de conversations passionnantes et passionnées. Le 1er octobre se tiendra la 10e édition de Télérama Dialogue. Dix ans déjà ! Cela méritait bien quelques aménagements. Pour la première fois, l’événement se déroulera donc un samedi afin que vous soyez encore plus nombreux à profiter de ces interviews en direct de vingt-sept personnalités des arts, du spectacle, du cinéma, des sciences, de la radio ou de la télévision par les journalistes de Télérama. Comme de coutume, la parole sera donnée au public à la fin de chaque rencontre pour qu’il puisse questionner, à son tour, les invités dont nous présentons ci-dessous un alléchant éventail.
Cette 10e édition sera aussi la dernière en présence de Jean-Michel Ribes, le patron du Rond-Point, qui tirera prochainement sa révérence. Une occasion supplémentaire d’enrichir Télérama Dialogue de lectures (Lola Lafon, André Dussollier…) et de conversations musicales menées par Dominique A et Vincent Delerm. On vous attend avec impatience. – Frédéric Péguillan
Salle Renaud-Barrault
10h : Christophe Honoré (Samuel Douhaire)
11h : Léa Drucker (Guillemette Odicino)
12h : Luc et Jean-Pierre Dardenne (Samuel Douhaire)
13h30 : Anjelin Preljocaj (Emmanuelle Bouchez)
15h : Thomas Legrand (Laurence Le Saux)
16h30 : Marc Trévidic (Juliette Bénabent)
18h : Roschdy Zem (Guillemette Odicino)
19h30 : Vincent Delerm (Valérie Lehoux)
21h : Clara Luciani (Odile de Plas)
Salle Jean Tardieu
11h : Anne Soupa (Elise Racque)
12h : Véronique Gens (Sophie Bourdais)
13h30 : Pénélope Bagieu (Loran Stosskoff)
15h : Dominique A (Hugo Cassavetti)
16h30 : Eye Haïdara (Marie Sauvion)
18h : François Alu (Emmanuelle Bouchez)
19h30 : Julien Gosselin (Fabienne Pascaud)
21h : Rebecca Zlotowski (Guillemette Odicino)
Salle Roland Topor
LECTURES ET CONVERSATIONS MUSICALES
13h30 : Dominique A
15h : Lecture André Dussollier
16h30 : Lecture Jean-Michel Ribes
19h30 : Lecture Lola Lafon
21h : Vincent Delerm
Salle Jean Vauthier
10h : Frédéric Borel (Xavier de Jarcy)
11h : Sabrina Van Tassel (Emmanuelle Skyvington)
12h : Soulcié (Maxence Sorel)
13h30 : Clémence Madeleine-Perdrillat (Marjolaine Jarry)
15h : Carine Karachi (Olivier Pascal-Moussellard)
16h30 : Florence Cestac (Laurence Le Saux)
18h : Maryse Burgot (François Rousseaux)
19h30 : Eva Jospin (Yasmine Youssi)
21h : Jean-Benoît Dunckel (Erwan Perron)
Le chorégraphe Angelin Preljocaj.
Photo Olivier Metzger pour Télérama
Angelin Preljocaj par Emmanuelle Bouchez
Il est l’un des rares chorégraphes français à faire vivre une troupe au long cours. Depuis le magnifique Pavillon noir, centre chorégraphique national d’Aix-en-Provence, il l’envoie rayonner partout dans le monde. Angelin Preljocaj, qui a plus de cinquante ans de danse derrière lui, a fondé sa propre compagnie en 1984, après avoir débuté comme interprète chez Dominique Bagouet. Il a tout de suite composé avec les corps comme un musicien. Car la danse est son langage, il la pratique comme il respire, avec une élégante fluidité. Dans ses pièces, Preljocaj cherche autant la précision que l’élan virtuose. Et sait raconter des histoires (Roméo et Juliette, Blanche Neige, Le Sacre du printemps), comme suivre d’autres pistes de recherches plus abstraites. Voilà pourquoi ses pièces, petites suites ou grands ballets, charment le grand public comme les esthètes. – E.B.
> 10h, salle Renaud-Barrault.
Anne Soupa par Élise Racque
Printemps 2020. Coup de théâtre dans la galaxie catholique française : une femme ose se proposer comme future archevêque de Lyon, pour succéder au cardinal Philippe Barbarin. Vœu pieux. Deux ans et demi plus tard, Anne Soupa (née en 1947) n’est pas devenue évêque. On ne refait pas Rome en quelques mois. Mais la bibliste et essayiste ne renonce pas à bousculer l’Église, que gangrènent les agressions sexuelles commises par les clercs, les maux du cléricalisme et un conservatisme excluant. Cet automne, elle publie avec Christine Pedotti un Manifeste pour la renaissance du christianisme. Non pas un christianisme prescripteur et dominant une société et sa culture, comme il le fut par le passé. Au contraire, Anne Soupa prophétise volontiers : « Le catholicisme gagnera à être minoritaire. » – E.R.
> 10h, salle Jean-Tardieu.
Frédéric Borel par Xavier de Jarcy
Il a fait irruption à la fin des années 1980 avec d’étranges édifices construits dans l’Est parisien. Frédéric Borel est l’un des architectes les plus attentifs à la dimension plastique et poétique de son métier. Avec lui, les immeubles de logements se scindent, s’ouvrent sur la cour, se fragmentent, captent la lumière sous tous les angles. Ludiques et expressifs, colorés et mélodieux, ils répondent à ses bâtiments publics, université à Agen, palais de justice à Narbonne ou caserne de pompiers à Nogent-sur-Marne, plus calmes et plus compacts, mais toujours surprenants. Frédéric Borel contribue ainsi à lutter contre la banalisation planétaire de l’architecture. Écouter cet homme discret raconter son travail, c’est faire connaissance avec l’un des plus audacieux créateurs de son époque. – X.D.J.
> 10h, salle Jean-Vauthier.
La comédienne Léa Drucker.
Photo Jérôme Bonnet pour Télérama
Léa Drucker par Guillemette Odicino
Elle est l’une de nos comédiennes les plus populaires, aimée pour sa capacité à être crédible dans tous les emplois, vibrante dans tous les registres, et ne boudant pas les seconds rôles dès qu’il s’agit d’exprimer son jeu subtil. En 2014, Léa Drucker offrait son étrange intensité à La Chambre bleue, de Mathieu Amalric, avant de bouleverser profondément en victime d’un mari violent dans Jusqu’à la garde, de Xavier Legrand (2017), film qui lui a valu le César de la meilleure actrice. Si son regard gris azur, soutenu par un singulier grain de beauté, se prête aux émotions du drame, elle est aussi à l’aise dans la fantaisie, sur pellicule comme sur les planches : délicieusement extravagante dans Je promets d’être sage, de Ronan Le Page, étonnante Alice au pays des merveilles moderne dans le récent Incroyable mais vrai, de Quentin Dupieux, et carrément comique dans la reprise de Cuisine et dépendances et d’Un air de famille au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, ou encore dans La Dame de chez Maxim, de Feydeau, prestation pour laquelle elle aurait bien mérité un Molière. Elle peut se battre contre les extraterrestres dans la série La Guerre des mondes et luttera bientôt, avec une classe inouïe, contre la misogynie et le déclassement social dans Couleurs de l’incendie, de Clovis Cornillac, adapté de Pierre Lemaitre. Quel plaisir de rencontrer cette actrice aux mille et une nuances de talent ! – G.O.
> 11h, salle Renaud-Barrault.
Sabrina Van Tassel par Emmanuelle Skyvington
Un documentaire peut-il sauver une vie ? Sabrina Van Tassel prouve que oui. La cinéaste et grand reporter rencontre Melissa Lucio dans le « couloir de la mort » à Gatesville (Texas) en 2017. Cette Hispano-Américaine, mère de quatorze enfants, a été condamnée, après des aveux forcés et un simulacre de procès, pour infanticide contre sa fille Mariah, 2 ans, retrouvée couverte d’ecchymoses. Après avoir disséqué les sept mille pages du dossier judiciaire, Sabrina Van Tassel lui consacre un exceptionnel film d’investigation, L’État du Texas contre Melissa (2020), documentaire multirécompensé qui a fait le tour du monde. Mais, en janvier dernier, coup de tonnerre : la justice fixe l’exécution de Melissa Lucio au 27 avril 2022. Sabrina Van Tassel démarre alors un nouveau combat : prouver à tous que Mariah est morte accidentellement et que Melissa, innocente, ne peut mourir pour un crime qui n’a jamais eu lieu. Tenace, Sabrina interpelle Emmanuel Macron dans nos colonnes, parvient à mobiliser les médias américains. Et une cour d’appel du Texas suspend le 25 avril l’exécution de Melissa Lucio. Du jamais-vu ! Aujourd’hui, la lutte continue pour faire libérer et innocenter Melissa, tandis que télévision et cinéma rêvent d’adapter l’histoire des deux femmes à l’écran. – E.S.
> 11h, salle Jean-Vauthier.
Les réalisateurs Luc et Jean-Pierre Dardenne.
Photo Jérôme Bonnet pour Télérama
Luc et Jean-Pierre Dardenne par Samuel Douhaire
Ils sont les champions du Festival de Cannes, avec six récompenses (dont deux Palmes d’or) en neuf participations à la compétition officielle. La dernière remonte à mai dernier, quand Luc et Jean-Pierre Dardenne ont reçu le prix du 75e anniversaire pour Tori et Lokita. Dans cette nouvelle chronique sociale, tournée, comme toujours, dans leur ville de Seraing, les réalisateurs racontent la relation à la vie, à la mort d’une jeune Béninoise et de celui qu’elle présente comme son petit frère, tous deux entrés illégalement en Belgique. Avec ce film âpre, bouleversant, sur le drame des mineurs isolés (en salles le 5 octobre), les Dardenne poursuivent leur combat pour un monde plus juste, plus solidaire. On l’aura compris, il sera beaucoup question de cinéma humaniste et d’engagement citoyen dans cette discussion avec « les frères »… – S.D.
> 12h, salle Renaud-Barrault.
Véronique Gens par Sophie Bourdais
Avec son port de reine, sa voix centrale et rayonnante, sa diction parfaite et son sens du théâtre, la soprano Véronique Gens serait tout à fait en droit de jouer les divas, mais cela n’a jamais été son genre. Formée à la rigoureuse école de William Christie et de ses Arts florissants, cette grande dame aux manières simples a d’abord été une étoile du baroque, défrichant avec enthousiasme des œuvres oubliées, comme Atys, de Lully. Elle possédait déjà alors cette âme d’exploratrice, qu’elle met désormais au service du romantisme et de la mélodie française. Tragédienne consommée, Véronique Gens est aussi une merveilleuse récitaliste et possède un génie comique que les scènes françaises n’exploitent pas assez. Rencontre avec une musicienne perfectionniste et partageuse, aussi soucieuse de peaufiner son art que de le transmettre. – S.Bo.
> 12h, salle Jean-Tardieu.
Soulcié par Maxence Sorel
Toute l’année, il croque l’actu pour La Revue dessinée, Marianne, L’Équipe, 28 minutes… et bien sûr Télérama – tous les soirs dans notre newsletter destinée aux abonnés et sur nos réseaux sociaux. Que ce soit le capitalisme forcené, les dérives de notre personnel politique ou le projet sportif du PSG, Thibaut Soulcié pourfend toujours avec une tendre ironie les travers de la société. Formé à l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art (Ensaama), à Paris, puis aux Arts déco de Strasbourg, dessinateur de presse prolixe, auteur de BD à succès, il expliquera comment il appréhende ce rôle d’observateur privilégié, la manière dont il choisit ses sujets ou encore les limites ou les barrières auxquelles il peut faire face, dans un monde où l’humour et la caricature sont régulièrement soumis à la controverse et aux tensions. – M.S.
> 12h, salle Jean-Vauthier.
Le journaliste Thomas Legrand.
Photo Joel Saget / AFP
Thomas Legrand par Laurence Le Saux
Quatorze années durant, il a incarné l’édito politique de la matinale de France Inter. Craignant de devenir trop prévisible, Thomas Legrand a préféré arrêter l’exercice, se consacrant désormais à une émission hebdomadaire sur les idées politiques (En quête de politique) et signant un édito quotidien dans Libération. Pour prendre de la hauteur, toujours, mais d’une autre façon. – L.L.S.
> 13h30, salle Renaud-Barrault.
Pénélope Bagieu par Loran Stosskopf
Pénélope Bagieu est une dessinatrice initialement perçue comme drôle, intelligente et fleur bleue, notamment à travers ses albums de la série Joséphine. Elle était donc surprise qu’on lui demande rapidement d’intervenir sur des sujets de société. Avec la couverture de Télérama consacrée au féminisme en 2011, elle s’est pourtant vite révélée une observatrice lucide et sans concession de notre société. Incisive, elle met depuis son talent au service d’une vision progressiste du monde. On pense aux Culottées, qui lui ont valu le prix Eisner en 2019, ou encore à son dernier album, Les Strates. Son point de vue est aujourd’hui sollicité à la radio, à la télévision ou lors d’échanges avec le public. Nous profiterons donc de Télérama Dialogue pour évoquer le personnage féminin de Pénélope qu’elle a dessiné cette année afin de remplacer l’emblématique Ulysse, qui accompagnait depuis soixante-douze ans les critiques cinéma de notre magazine. – L.S.
> 13h30, salle Jean-Tardieu.
Clémence Madeleine-Perdrillat par Marjolaine Jarry
Elle explore nos inconscients sans ménagement, fait résonner longtemps ces mots qui savent de nous des choses que nous ne savons pas. Scénariste de la saison 2 d’En thérapie, la série phénomène d’Arte, Clémence Madeleine-Perdrillat s’est emparée du très conceptuel format avec une sensibilité aiguë. Au printemps dernier, un an après la fin des confinements, elle nous disait espérer qu’En thérapie offre une chance de « se consoler les uns les autres ». Voilà l’un des fils à tirer pour démêler la pelote de ses œuvres, de la série Nona et ses filles, qu’elle a cosignée avec Valérie Donzelli, jusqu’à son très remarqué court métrage d’animation La Vie de château, sur les premiers pas d’une petite orpheline des attentats du 13 novembre dans sa nouvelle existence. – M.J.
> 13h30, salle Jean-Vauthier.
Dominique A
Conversation musicale
> 13h30, salle Roland-Topor.
Le réalisateur et metteur en scène Christophe Honoré.
Photo Rudy Waks pour Télérama
Christophe Honoré par Samuel Douhaire.
Il sait tout faire : écrire, filmer, mettre en scène, façonneur insatiable de la beauté et de la fragilité des sentiments, au théâtre comme au cinéma. Depuis 17 fois Cécile Cassard, en 2002, Christophe Honoré fait régulièrement battre notre cœur avec de petits bijoux si doux, si amers, tels que Les Chansons d’amour, Les Bien-aimés ou Plaire, aimer et courir vite. Grand auteur de littérature pour la jeunesse, il étonne, en 2016, avec son adaptation pimpante des Malheurs de Sophie à l’écran, mais n’hésite pas à se lancer, aussi, dans une variation sur Les Métamorphoses d’Ovide (2014) ou à plonger avec délice dans Proust – son Guermantes, l’année dernière, était une merveille. Tout aussi éclectique comme metteur en scène de théâtre, il a ravi le public avec Les Idoles (à l’Odéon en 2019) et son tendre et déchirant Ciel de Nantes. – G.O.
> 15h, salle Renaud-Barrault.
Dominique A par Hugo Cassavetti
Avec le souffle intimiste et vibrant de son Courage des oiseaux, Dominique A ouvrait dans la chanson, il y a trente ans déjà, une nouvelle voie. Ni rock alternatif ni variété à la papa, le Nantais d’adoption, nourri de pop indé anglo-saxonne, remettait à l’honneur un texte en français, aussi vulnérable que poétique, à la fois modeste et lyrique. En un mot, sincère et authentique, à l’instar de son chant à la fragilité assumée mais à la puissance insoupçonnée. Une ligne à laquelle le chanteur n’a jamais dérogé, traçant sa route singulière et exemplaire au gré d’albums habités du souci constant d’évoluer, de mûrir sans se trahir. Le Monde réel, son quatorzième album, sur les vertus d’un retrait choisi pour échapper au brouhaha épuisant et angoissant de la planète, est le précieux triomphe d’un artiste discret qu’on aurait tort de négliger. Qui parle de lui, comme de nous, avec élégance et une belle acuité. –H.C.
> 15h, salle Jean-Tardieu.
Carine Karachi par Olivier Pascal-Moussellard
« La neurologie contemple, la neurochirurgie agit », a résumé un jour Carine Karachi à propos de sa vocation de devenir neurochirurgienne. À 48 ans, elle est à la fois une tête chercheuse bien faite et des mains haute couture qu’elle met au service des malades, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris). Avant d’entrer au bloc, elle écoute Blondie pour chasser le stress, après quoi elle ne se laisse plus distraire par rien, les yeux dans les méninges de ses patients, les doigts dans leur cerveau. Et ce n’est pas tout : au Théâtre de la Ville, elle coanime avec le metteur en scène Emmanuel Demarcy-Mota une Académie culture-santé où étudiants et acteurs décryptent l’absurde chez Ionesco par le prisme du néocortex préfrontal et des ganglions de la base… – O. P-M.
> 15h, salle Jean-Vauthier.
André Dussollier
On ne cesse de le voir au cinéma. Chez François Ozon, par exemple, où il campait l’an passé, un terrible père malade voulant en finir (Tout s’est bien passé), et tout récemment chez Jean-Marc Peyrefitte où il incarne en farce un Georges Clémenceau avide de pouvoir (Le Tigre et le président). Ne jamais oublier pour autant qu’André Dussollier est un magique comédien de théâtre qui a fait ses débuts à la Comédie-Française en 1972. Le grand homme de verbe qu’il est, distillant si sensiblement les mots, suggérant si finement leur au-delà, leurs silences, a choisi ici de nous faire une lecture-surprise… – F.P.
> 15h, lecture, salle Roland-Topor.
Le juge Marc Trévidic.
Photo Jean-Luc Bertini
Marc Trévidic par Juliette Bénabent
Cinquante-sept ans, magistrat, ancien juge antiterroriste et désormais président de chambre à la cour d’appel de Versailles. Familier de dossiers aussi sensibles que médiatiques (assassinats du président rwandais en 1994 et des moines de Tibhirine en 1996, attentat de Karachi en 2002, filière djihadiste d’Artigat…), il est connu pour sa liberté de ton, peu commune dans ces métiers de l’ombre. Défenseur d’une éducation du public concernant la question du terrorisme, Marc Trévidic n’a jamais rechigné à parler de son métier dans les médias, par l’intermédiaire de livres ou de bandes dessinées, et même, depuis 2019, sur une chaîne YouTube lancée avec l’aide de son fils. Il n’a jamais non plus craint d’affronter les foudres du pouvoir quand ses enquêtes dérangeaient – « Soyons clair, c’était très dur sous Nicolas Sarkozy », nous confiait-il en 2014. Bien qu’éloigné des questions terroristes depuis 2015, il en demeure l’un des experts les plus reconnus et populaires. Et son vibrant témoignage au procès des attentats du 13 novembre reste dans les mémoires comme un terrible, mais honnête, aveu d’échec. – J.B.
> 16h30, salle Renaud-Barrault.
Eye Haïdara par Marie Sauvion
Il y a plus de dix ans, elle apparaissait dans un film de Jean-Luc Godard, puis, en 2015, piquait la vedette à sa codétenue Sophie Marceau dans La Taularde, d’Audrey Estrougo. Mais la charismatique Eye – qui, avec son immense regard noir, porte si bien son prénom – a littéralement explosé grâce au Sens de la fête, d’Éric Toledano et Olivier Nakache, dans le rôle de l’assistante de Jean-Pierre Bacri. Cette année, la consécration auprès du grand public est venue avec la deuxième saison d’En thérapie : elle y est bouleversante en jeune avocate taraudée par le désir d’enfant. On attendait ardemment qu’elle tienne un premier rôle au cinéma : c’est chose faite dans Les Femmes du square, de Julien Rambaldi (le 16 novembre en salles), où, en Ivoirienne reine de la tchatche et impératrice du culot, elle fait montre d’une énergie et d’un bagout incomparables. – G.O.
> 16h30, salle Jean-Tardieu.
Florence Cestac par Laurence Le Saux
Elle est « la reine de l’arrondi enchaîné », selon son complice et ami l’écrivain Jean Teulé, qui assure ne voir chez elle « rien qui pique ou qui blesse ». Florence Cestac, sacrée par le Grand Prix d’Angoulême en 2000, s’est forgé un style bien à elle, « patatoïde », comme elle aime à le qualifier, marqué par de gros nez et un humour franc. Cofondatrice des éditions Futuropolis avec Étienne Robial en 1974, elle a connu un grand succès en 1996 avec Le Démon de midi, inspiré de son expérience de femme quittée – un album adapté au théâtre et au cinéma. Elle a récemment décrit son enfance, malmenée par un père odieux, dans Un papa, une maman, une famille formidable (la mienne !) (éd. Dargaud). Ou encore raconté la vie d’une prostituée gouailleuse dans Ginette (dans la collection BD-Cul des éditions du Monte-en-l’air). – L.L.S.
> 16h30, salle Jean-Vauthier.
L’acteur Roschdy Zem.
Photo Jérôme Bonnet pour Télérama
Roschdy Zem par Guillemette Odicino
En trois décennies, des années 90 avec André Téchiné, Laetitia Masson, Patrice Chéreau (Ceux qui m’aiment prendront le train) ou Pierre Jolivet (Ma petite entreprise, pour lequel il reçoit sa première nomination aux Césars) jusqu’à sa somptueuse incarnation d’un commissaire dans Roubaix, une lumière, d’Arnaud Desplechin, en 2019 – pour lequel tout le monde lui accordait le prix d’interprétation à Cannes ! –, Roschdy Zem est devenu l’un de nos plus grands acteurs, quelque part entre la stature d’un Gabin et la nervosité d’un Montand. Passé derrière la caméra depuis plusieurs années, il étonne, chaque fois, dans le choix de ses sujets, du mariage mixte (Mauvaise Foi) à la virilité complexe des salles de sport (Bodybuilder). En cette rentrée, il est partout : magnifique de sensualité dans Les Enfants des autres, de Rebecca Zlotowski, irrésistible gangster amoureux dans L’Innocent, de Louis Garrel, et bientôt à l’affiche de son propre film, Les Miens, chronique familiale où il révèle, encore, d’autres facettes de son talent. Comment se priver d’une heure en compagnie de ce géant ? – G.O.
> 18h, salle Renaud-Barrault.
François Alu par Emmanuelle Bouchez
Sa carrière a démarré sur les chapeaux de roue ! Entré dans le corps de ballet de l’Opéra de Paris à l’âge de 17 ans, François Alu était déjà premier danseur à 20 ans. Il a continué d’enchaîner des rôles importants jusqu’à devenir le chouchou du public jeune. Ses fans le rêvaient étoile. Le Ballet de l’Opéra de Paris a ses lois, rigoureuses, et ses exigences, naturelles, auxquelles l’image d’un François Alu débordant de projets personnels et prêt à flirter avec les médias ne semblait pas correspondre… Et puis, le 23 avril dernier, la nouvelle de sa nomination est tombée, alors que nul ne s’y attendait : il est promu étoile à la fin d’une représentation de La Bayadère. La conversation s’annonce riche : vocation, réputation de chien fou, nouvelle responsabilité de danseur phare à assumer, fréquentation des chorégraphes contemporains et perception du répertoire laissé à Paris par Noureïev. Un autre avenir s’ouvre à lui : comment le voit-il du haut de ses 28 ans ? – E.B.
> 18h, salle Jean-Tardieu.
Maryse Burgot par François Rousseaux
Conflits au Kosovo, en Bosnie, en Irak, attentats, affaire Clinton-Lewinsky, séisme en Haïti, prise de Kaboul, guerre en Ukraine… Voilà trente ans que Maryse Burgot, grand reporter et figure du service public télé, est sur tous les fronts. Ancienne correspondante à Londres puis à Washington, la Bretonne est devenue l’une des voix et des visages incontournables de France Télévisions, où, micro en main, diction parfaite, elle donne à voir les bouleversements du monde. Cette éternelle optimiste, mordue d’actu, a pris l’habitude de partir en reportage « en voyant le verre à moitié plein ». Elle se trouvait dans le Donbass en février dernier, quand la Russie a envahi l’Ukraine. Comment raconter cette guerre ? Préparer un reportage, improviser un direct, gérer les risques du métier ? Comment évolue son travail dans le paysage en mutation de l’information ? Cette fois, c’est elle qui témoigne. Et on a hâte de l’entendre. – F.R.
> 18h, salle Jean-Vauthier.
Le chanteur Vincent Delerm.
Photo Yann Rabanier pour Télérama
Vincent Delerm par Valérie Lehoux
Il célèbre en cet automne ses vingt ans de carrière. Comme pour donner un avant-goût des festivités qu’il a imaginées – un double disque et un livre dans lesquels il tisse bribes du passé et du présent, raretés, inédits, reprises, chansons d’hier, d’aujourd’hui et de demain –, Vincent Delerm s’est amusé au printemps dernier à retourner sur les lieux de son premier succès, en 2002 : la petite salle de L’Européen, à Paris. En double affiche avec Jeanne Cherhal, il y avait emballé la critique et le public quinze jours durant, seul devant son piano, avec un humour caustique et des chansons finement troussées pour seules armes. Depuis, Vincent Delerm est passé de jeune premier à expert de la scène, photographe, réalisateur, mais avant tout figure respectée d’une chanson française en perpétuel renouvellement. À son image. – O.D.P.
> 19h30, salle Renaud-Barrault.
Julien Gosselin par Fabienne Pascaud
C’est un de nos metteurs en scène les plus brillants, les plus culottés, les plus inventifs, n’hésitant pas à prendre des risques ni à flirter en scène avec l’impossible. Il fallait oser, encore peu connu, en 2013, à 26 ans, s’attaquer, au festival d’Avignon, aux Particules élémentaires de Michel Houellebecq. Puis réitérer, en 2016, toujours à Avignon, avec un roman apparemment plus inadaptable encore au théâtre : 2666, de Roberto Bolaño, soit onze heures de spectacle ! Mais Julien Gosselin, formé à l’école du Théâtre du Nord (Lille), aime les défis, et donner à voir l’invisible. On rêverait que cet artiste libre et sans reproche prenne aujourd’hui la direction d’une de nos belles institutions théâtrales avec son formidable collectif au drôle de nom, « Si vous pouviez lécher mon cœur ». Rêvons… – F.P.
> 19h30, salle Jean-Tardieu.
Eva Jospin par Yasmine Youssi
Cette année a été la sienne, et celles à venir le seront certainement aussi. Du musée des Impressionnismes de Giverny au domaine de la Garenne Lemot, près de Nantes, en passant par les Beaux-Arts de Paris, Deauville ou la Turquie, Eva Jospin était partout. Et l’on est encore subjugué par son exposition au musée de la Chasse et de la Nature. Elle y avait notamment installé un éblouissant palais italien de la Renaissance (Galleria, 2021), construit avec sa matière de prédilection : le carton. Peint, dessiné, sculpté, marqueté, brodé, celui-ci devenait marbre, stuc ou bois, entraînant les spectateurs dans un monde à la fois merveilleux et effrayant. Mais Eva Jospin, c’est aussi une voix gouailleuse, un humour piquant et une capacité à parler d’art – du sien comme de celui des autres –, en le mettant à la portée de tous. – Y.Y.
> 19h30, salle Jean-Vauthier.
Lola Lafon
Son grave et très beau Quand tu écouteras cette chanson (éd. Stock) est le succès public le plus inattendu et le plus réconfortant de cette rentrée littéraire 2022. À l’invitation de la collection Ma nuit au musée, Lola Lafon s’est laissé enfermer dans le musée Anne-Frank, à Amsterdam, et a nourri de ces heures d’intense solitude un récit très personnel, profond et délicat, où se mêlent le destin de l’adolescente juive morte à Bergen-Belsen, à laquelle elle restitue pleinement sa qualité d’autrice, et sa propre histoire familiale. Anne Frank rejoint ainsi la galaxie des « jeunes filles impertinentes » que nous ont fait rencontrer les livres précédents (de La Petite Communiste qui ne souriait jamais à Chavirer, en passant par Mercy, Mary, Patty) de Lola Lafon, voix singulière et exigeante, voix aujourd’hui majeure. – Na.C.
> 19h30 Lecture, salle Roland-Topor.
La chanteuse Clara Luciani.
Photo Jean-François Robert pour Télérama
Clara Luciani par Odile de Plas
À 30 ans, elle figure déjà sur le podium des chanteuses les plus populaires de France, grâce à deux albums aux textes limpides mais riches de doubles sens. À l’image de cette Grenade, son premier grand succès, chanson d’un combat personnel devenue hymne féministe (« Prends garde, sous mon sein, la grenade / Sous mon sein, là, regarde ») repris dans toutes les manifestations, poings levés, sourires en étendards. Venue de la pop anglo-saxonne, représentante d’une jeune variété française élégante et réfléchie, Clara Luciani a confirmé son talent avec Cœur, dont les tubes disco ont rythmé l’année, libérant corps et esprits sur les scènes des festivals, dont elle fut incontestablement la vedette cet été. Une trajectoire exemplaire ? Rêvée ? Oui, mais qui n’enlève pas les doutes permanents d’une artiste redoutablement perfectionniste. – O.D.P.
> 21h, salle Renaud-Barrault.
Rebecca Zlotowski par Guillemette Odicino
Depuis son premier film, Belle Épine, Rebecca Zlotowski fascine par sa manière, bien à elle, d’interroger le mystère féminin. Tel… un homme désirant ses actrices, elle filme leur sensualité, pour mieux se jouer des stéréotypes de la séduction. Après Grand Central (2013), où elle continuait de révéler Léa Seydoux, le voluptueux Planetarium (2016) entrelaçait spiritisme et histoire du cinéma. Puis elle réussissait le défi fou de faire de Zahia Dehar une icône, une Bardot 2.0, dans Une fille facile, captivante chronique rohmérienne des plaisirs et des vanités sous le soleil de la Côte d’Azur. Après la série Les Sauvages, où éclatait à nouveau son talent pour capter les tensions contemporaines, elle revient, en majesté, avec le film Les Enfants des autres. Elle est la première à faire de la belle-mère un bouleversant personnage de cinéma, dirigeant aussi, comme jamais, un Roschdy Zem déshabillé dans les bras de Virginie Efira. – G.O.
> 21h, salle Jean-Tardieu.
Jean-Benoît Dunckel par Erwan Perron
À 53 ans, l’évanescent mais aussi blagueur Jean-Benoît Dunckel en paraît dix de moins. Quelque part dans Paris, son studio d’enregistrement à l’ancienne, avec piano Steinway et immense console, témoigne qu’il est un accoucheur d’albums prisé. Ici sont passés Christine and the Queens, Charlotte Gainsbourg ou, plus récemment, le souriant groupe de jazz Bon Voyage Organisation. Pourtant, l’ex-chanteur et cocompositeur du fameux duo électro-pop Air est loin d’avoir mis de côté sa propre carrière. Après une série d’associations, Tomorrow’s World avec la chanteuse britannique Lou Hayter, Starwalker avec l’Islandais Barði Jóhannsson, ou Mirages en compagnie du compositeur électro français Jonathan Fitoussi, sans oublier plusieurs BO (dont celle d’Été 85, de François Ozon), Dunckel revient avec un troisième album solo captivant et optimiste, Carbon. – E.P.
> 21h, salle Jean-Vauthier.
Vincent Delerm
> 21h Conversation musicale, salle Roland-Topor.
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