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Cette entrée en matière est presque un lieu commun. Comme les vacances à Capri, on pensait aussi que c’était fini.
En cette rentrée 2022, qui semble pérenniser le retour sur site des collaborateurs-trices, j’aimerais vous parler un peu du climat ambiant. Ce climat que l’on a, à tort, qualifié au mieux d’embellie, après le Covid, au pire de «retour à la normale».
On a alors beaucoup évoqué le télétravail (maintenu ou lointain souvenir), le désengagement, les reconversions, dans un contexte professionnel que l’on considérait comme à nouveau «serein». Un constat, comme une promesse, appuyé à grand renfort de chiffres comme ceux brandis par le SECO sur le taux de chômage incroyablement bas de la Suisse depuis quelques mois.
Et puis… et puis la guerre en Ukraine est arrivée, et dans son sillage des problématiques de plus en plus prenantes touchant à notre quotidien par effet collatéral, de la hausse des prix des denrées alimentaires et du gaz au spectre de pénurie d’électricité pour l’hiver prochain, en passant par le manque total d’approvisionnement de certains matériaux.
Cet été, la sécheresse, les feux, le changement climatique ont alimenté l’actualité et bousculé, là encore, notre quotidien.
Quel est le lien avec l’entreprise me direz-vous? Eh bien, des constats de terrain que j’ai pu faire durant l’été, je résumerais ce lien en une phrase: ce climat ambiant extrêmement anxiogène, multifactoriels-multisources, risque d’impacter les gens non seulement dans leur quotidien mais aussi, par effet rebond, sur leur lieu de travail.
«Ce climat anxiogène, issu de cette anxiété galopante et de l’accélération d’informations négatives, de news, de situations internationales ou nationales, va probablement s’inscrire parmi les «nouveaux maux» de l’entreprise.»
L’annonce de la hausse du prix de l’électricité, pour citer un exemple parmi d’autres, va engendrer des augmentations non négligeables des coûts et dépenses dans certains métiers, avec comme effet secondaire un risque économique qui peut impacter les collaborateurs-trices (licenciements, restructuration, réorganisation).
On se distingue ici du Covid, dont les impacts sur le monde du travail furent directs et clairement identifiables (arrêt du travail sur site, distanciel, mise à l’arrêt de certaines activités, sans parler des malades Covid parmi les collaborateurs-trices, etc.).
Ce climat anxiogène, issu de cette anxiété galopante et de l’accélération d’informations négatives, de news, de situations internationales ou nationales, va probablement s’inscrire parmi les «nouveaux maux» de l’entreprise.
En d’autres termes: ce climat anxiogène entraîne – déjà – dans son sillage des bouleversements et dérèglements au sein même des entreprises.
Concrètement, comment ce nouveau mal se manifeste-t-il?
On voit apparaître chez les collaborateurs-trices, et ce sans que rien n’ait changé sur leur place de travail au niveau des tâches ou du climat et sans changement non plus dans leur sphère privée:
des comportements inadéquats/hors du commun, tels qu’un grand stress ou une incapacité à se concentrer ou à effectuer les tâches courantes
des absences soudaines
une augmentation de la charge mentale
dans les cas les plus graves, un phénomène de décompensation peut apparaître, qui peut s’apparenter à un état dépressif chez le collaborateur-trice le/la menant à ne plus pouvoir fonctionner. J’ai en mémoire l’histoire d’un jeune homme qui s’était mis en tête que nous allions tous bientôt mourir, que la guerre était à nos portes. Son angoisse est arrivée à son paroxysme sur son lieu de travail, alors que l’entreprise n’avait ni de près ni de loin de liens avec ce conflit, ni d’impact direct ou indirect. Une ambulance a dû être dépêchée sur place.
Encore une fois, le mécanisme de cause à effet est pernicieux, même les personnes concernées ont parfois du mal à faire le lien entre «je suis extrêmement stressé-e par ce qui se passe dans le monde» et «cela impacte mon comportement au travail».
Cette anticipation passe par plusieurs leviers complémentaires:
rassurer les équipes sur le bon fonctionnement des affaires, sur le contexte positif, sur les emplois pérennes
porter (encore davantage) une plus grande attention aux équipes: s’inquiéter de leur quotidien sur leur lieu de travail, «prendre la température» en somme
traiter les différents problèmes (conflits, augmentation des absences, comportement inadéquat) sans attendre et avec des réponses concrètes (soutien aux cadres, mise en place de relais par des personnes de confiance par exemple, utilisation de la médiation, etc.)
Mais nous avons tous aussi notre part de responsabilité pour se prémunir au maximum des effets collatéraux de ce contexte ambiant, qui trouve sa semence surtout dans un comportement que nous avons «pratiquement» tous: l’hyperconnectivité – qui a même sa nouvelle dénomination en addictologie, la cyberaddiction.
«En fin de compte, sans faire l’autruche ou se couper totalement de l’actualité, se distancer le plus possible de celle-ci pour préserver sa charge mentale et «équilibrer» ou abaisser son niveau de stress.»
Qui n’a jamais «scrollé» frénétiquement sur son portable ou ne le fait pas régulièrement, même sans lire les articles? Les titres, les images, leur répétitivité de l’information, les algorithmes qui nous enferment dans un même style de contenu… entre deux articles d’actualité régionale, on parle déjà d’un nouveau virus, des prises de vues de l’espace sur les incendies, après la canicule, les coupures/augmentations de prix des énergies, etc.
Trier l’information, ne pas se laisser submerger par les news, éviter à tout prix l’effet «loupe» suscité notamment par les réseaux sociaux, ou encore mettre des limites à l’évocation des sujets créant un stress lors de discussions informelles (avec des collègues à la pause-café, en famille, entre amis, etc.).
En fin de compte, sans faire l’autruche ou se couper totalement de l’actualité, se distancer le plus possible de celle-ci pour préserver sa charge mentale et «équilibrer» ou abaisser son niveau de stress.
En cette rentrée scolaire, après un été non des plus reposants pour les raisons contextuelles évoquées plus haut, il est (encore) temps d’agir!
Créer un climat de travail le plus serein possible, accompagner, écouter, et rassurer, peuvent paraître peu de chose, des éléments souvent considérés comme «futiles» de la part des managers et dirigeants.
Et pourtant, ce sont justement ces «petits gestes» qui vont faire toute la différence et qui pourront contrer, ou du moins ralentir, un mal qui est en train de s’installer insidieusement.
Un mal qui n’a, directement, aucun lien avec le fonctionnement de l’entreprise, mais qui va, et j’en suis convaincue, rapidement témoigner de ses effets et impacter de manière forte les structures.
Prévenir, au lieu de réagir.
Directrice de la Clinique du travail SA
En 2007, elle participe à la fondation du groupe Ismat spécialisé dans le conseil aux entreprises. Elle se spécialisera dans la mise en place de processus de gestion des absences de courtes durées.
S’ensuivra en 2012 la création de la Clinique du Travail SA, organisme spécialisé dans la prise en charge des risques psychosociaux dont elle prend la direction. À ses côtés, une équipe de 15 spécialistes qui accompagne les entreprises privées et publics dans la résolution de cas complexes liés à la santé des collaborateurs et collaboratrices, dans la médiation et la gestion de crise, en passant par la prévention du burn out.
Carole Wittmann est spécialisée en assurances sociales et en droit du travail, coach praticienne neurolinguistique, et gestalt thérapeute.
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