Écrit par Mathilde Obert
Publié le 17.11.2022 • Édité le 17.11.2022 à 15:59
Comme il y a cinq ans, la Chambre des métiers a présenté ses propositions en vue des élections législatives. Tom Wirion, le directeur, détaille ses ambitions pour l’artisanat en vue du scrutin de 2023. (Photo: Anthony Dehez/Archives)
La Chambre des métiers a envoyé une liste de 30 propositions pour l’artisanat aux partis politiques en vue des élections législatives. Logement abordable, compétences et développement durable font partie des thèmes principaux.
Après la Chambre de commerce et le Syvicol, la Chambre des métiers a présenté sa liste de propositions en vue des élections législatives, qui se tiendront le 8 octobre 2023. Le point avec son directeur, 
Vous avez listé 30 propositions, déclinées en 159 sous-propositions. Sont-elles vraiment réalisables, ou en avez-vous volontairement demandé beaucoup, sachant que tout ne serait pas possible?
Tom Wirion. – «Nous ne les avons pas gonflées. Nous faisons des propositions que nous estimons utiles pour l’artisanat et la société. Entre ce que nous souhaitons et la réalité, bien sûr, tout ne sera certainement pas repris.
Si vous deviez n’en choisir que trois, lesquelles seraient-elles?
«Tout est important. S’il faut choisir, ce serait de trouver les bonnes réponses en matière de logement abordable. C’est essentiel pour pouvoir avoir des salariés qui viennent de pays tiers. Le gouvernement a travaillé dessus avec le Pacte logement 2.0. Nous souhaitons aller plus loin.
La Chambre des métiers propose par exemple une révision, par les communes, des hauteurs maximales constructibles, l’introduction d’une taxe pour mobiliser les terrains à bâtir ou l’augmentation de l’offre par une action concertée public-privé, ndlr.
L’autre grand point tourne autour des compétences. Se donner une stratégie sectorielle, un système de formation performant.
Sur ce point, la Chambre parle d’une plateforme nationale des informations et démarches en relation avec la formation continue, une réforme de la procédure de validation des acquis de l’expérience (VAE) tout en rendant obligatoire la mise en situation du candidat, etc.
Et le développement durable: nous préconisons un cadre pour renforcer l’économie circulaire.
Cela passe par exemple par la promotion de la réutilisation et de la réparation via un taux de TVA super-réduit de 3%, la mise en place d’un système de récupération de l’eau de pluie obligatoire pour chaque nouvelle construction de maison unifamiliale.
Les propositions de la Chambre des métiers en vue des législatives 2023 en faveur de l’artisanat. (Illustrations: Maison Moderne)
Les propositions de la Chambre des métiers en vue des législatives 2023 en faveur de l’artisanat. (Illustrations: Maison Moderne)
Les propositions de la Chambre des métiers en vue des législatives 2023. (Illustrations: Maison Moderne)
Les propositions de la Chambre des métiers en vue des législatives 2023 sur les thèmes de l’innovation et de la transition numérique . (Illustrations: Maison Moderne)
Les propositions de la Chambre des métiers en vue des législatives 2023 sur le thème de la croissance économique (Illustrations: Maison Moderne)
Quel budget représentent ces 159 mesures?
«Certaines ont un impact budgétaire, nous ne l’avons pas globalement chiffré. S’il y a un souhait de la part de certains partis de creuser des idées, nous fournirons ces informations.
Où iriez-vous chercher l’argent pour financer les mesures ayant un coût?
«Je pense qu’il y a une étude à mener pour voir si les transferts sociaux arrivent chez les bonnes personnes. Souvent, c’est la logique de l’arrosoir. Je pense qu’on pourrait économiser sur ce budget.
Et sur l’appareil public. Il y a des secteurs qui ont besoin de recruter, comme la santé ou l’enseignement. Mais ces dernières années, nous avons fait assez de projets de digitalisation des processus qui permettraient de rendre superfétatoires certaines fonctions, pour réagencer la politique d’embauche de fonctionnaires après le départ à la retraite de certains.
Cela dépend de l’évolution des finances publiques, difficile à prédire. Je pense que d’ici un an, on y verra plus clair sur les marges de manœuvre.
Beaucoup de nos mesures sont des investissements dans le futur et non des dépenses opérationnelles, pour lesquelles on peut aussi faire des emprunts.
Comment avez-vous élaboré votre liste de propositions?
«C’est un travail qui a démarré cet été. Nous dialoguons au sein de l’Assemblée plénière de la Chambre des métiers (qui compte 28 membres et 28 suppléants, ndlr). Certaines propositions ont été véhiculées ces dernières années et ne sont pas nouvelles. Nous avons aussi des commissions en petits groupes sur la formation ou l’emploi qui ont approfondi des idées pour être au plus près des besoins de notre secteur.
Tom Wirion, Directeur, Chambre des métiers
Vous aviez fait le même exercice il y a cinq ans. Quel résultat?
«Certains points ont été repris dans l’accord de coalition. Il y aura sans doute une réforme du régime d’aides aux investissements. Un projet de loi a été déposé pour la réforme du droit d’établissement. Nous avons pu lancer le processus de réforme du brevet de maîtrise.
D’autres propositions n’ont pas été retenues, comme la modernisation du système d’orientation professionnelles, booster les compétences et l’apprentissage au long de sa vie.
Donc un bilan positif ou négatif?
«Nous allons tirer un bilan de cette législature sans doute à la fin du premier semestre 2023. Nous ne l’avons pas encore fait puisque nous allons encore voir les projets qui pourront passer. Sachant que le gouvernement a été occupé par la pandémie, la crise énergétique…
À quoi va servir votre document?
«Nous l’avons envoyé aux partis et avons déjà reçu quelques retours (demandés, les noms des partis n’ont pas été communiqués, ndlr). Nous allons approfondir avec eux les idées qui les intéressent. Nous sommes optimistes sur le fait que beaucoup trouveront un relais. Cela va nourrir le débat pré-électoral.»
